Bitcoin : monnaie virtuelle, pollution réelle28/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2626.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bitcoin : monnaie virtuelle, pollution réelle

On connaissait les éoliennes destinées à transformer le vent en électricité. Les bitcoin, ainsi que les autres crypto-monnaies, font exactement le contraire : ils produisent du vent en pompant une énergie folle.

Le bitcoin, comme les centaines d’autres monnaies virtuelles, n’existent que sous forme numérique, dans les réseaux et les mémoires d’ordinateurs. Mais l’activité liée au bitcoin consomme actuellement autant d’électricité qu’un pays comme l’Irlande. La fabrication de cette monnaie ne nécessite pourtant ni pelleteuse, ni explosifs, ni mineurs de fond.

Quant à la création de dollars ou d’euros sous forme électronique, scripturale, elle est réalisée chaque jour par les banques centrales ou les banques commerciales, instantanément et pour un coût modique. La seule valeur de ces monnaies repose sur la confiance, bien obligée, que le public veut bien accorder à cette monnaie, et derrière elle aux instituts d’émission, banques et États. Si, dans l’intérêt des capitalistes, les banques centrales sont censées contrôler que la masse monétaire en circulation évolue avec la production, la multitude de faillites bancaires, d’épisodes d’inflation galopante, d’effondrement des monnaies ou de banques d’État qui ont ponctué l’histoire du capitalisme, ont montré aux peuples saignés à blanc que le système était capable du pire, y compris dans le domaine monétaire.

Mais, dans le cas du bitcoin, il n’y a même pas d’institut quelconque censé réguler l’offre de monnaie. Alors, pour éviter une production gigantesque ou frauduleuse de monnaie, qui ferait s’effondrer aussi vite sa valeur, ses concepteurs ont donc artificiellement imposé que la création d’un bitcoin nécessite la résolution d’énigmes mathématiques impliquant des puissances croissantes de calcul et des milliers d’ordinateurs en réseau, appartenant à des individus ou des entreprises baptisés « mineurs », alors qu’ils ne fréquentent guère d’autre mine que celle de leur crayon et sont eux-mêmes récompensés en bitcoins.

Voilà comment, pour alimenter une bulle spéculative de plus, les crypto-monnaies dépensent plus d’électricité qu’un pays européen, et polluent chaque année davantage l’atmosphère en CO2 qu’un million de vols transatlantiques. Pollueur, gaspilleur de travail humain et profondément inutile, le bitcoin est bien à l’image du système qui l’engendre.

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