Dans le monde

Iran : 5 700 ouvriers en grève

Le 19 novembre, les 5 700 travailleurs de la compagnie sucrière Haft Tapeh, au sud-est de l’Iran, dans la province de Suse, entamaient leur quinzième jour de grève. Cette entreprise produit du sucre, mais aussi de l’alcool industriel, du blé, du sarrasin, de la mélasse et du papier kraft.

Le gouvernement et les médias officiels iraniens font le silence sur ce mouvement, craignant que le mécontentement n’explose ailleurs. D’autant qu’un des dirigeants de cette grève, Ismail Bakhshi, a appelé à la solidarité de tous les travailleurs d’Iran, à commencer par ceux de l’usine métallurgique de Feulad dans la même région, qui compte 10 000 salariés. Le 18 novembre, ce dirigeant a été arrêté ainsi que quinze autres grévistes, mais la grève continue.

La grève porte sur les salaires que la compagnie n’a pas versés depuis quatre mois. De plus, les travailleurs réclament que cette entreprise, privatisée en février 2016, soit à nouveau nationalisée, mais sous le contrôle des travailleurs. Le patron, Asad Beygi, est aux abonnés absents. Du coup, c’est l’adjoint du gouverneur de la province qui a appelé les grévistes « à reprendre le travail avant que la production ne se perde ».

Il aura fallu quinze jours de grève pour qu’un journal iranien publie des témoignages sur les conditions de vie et de travail de ces ouvriers. Un des travailleurs, depuis vingt-deux ans dans cette entreprise, y explique que depuis la privatisation il reçoit son salaire avec beaucoup de difficulté et qu’il n’a rien touché depuis quatre mois. Un autre donne le montant de son salaire : 260 euros par mois. Un autre encore raconte l’absence de tout équipement de sécurité, alors que les conditions de travail sont très pénibles, notamment dans les champs de canne.

Ismail Bakhshi, le dirigeant de la grève, à plusieurs reprises a insisté sur l’unification des travailleuses et des travailleurs de toutes les langues et ethnies, arabes, lors, persans... Juste avant son arrestation, il déclarait : « L’État a mobilisé des gendarmes pour tirer sur nous, alors que nous sommes là pour défendre nos droits et que la prison et les menaces ne nous font plus peur. »

Les travailleurs de Haft Tapeh exigent sa libération et celle de leurs camarades emprisonnés, et ils sont soutenus par la population de Suse, qui a manifesté avec eux lundi aux cris de : « Ils ont arrêté Ismail. Mais nous sommes tous des Bakhshi », « À bas l’oppresseur, vive l’ouvrier ! »

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