Marseille : immeubles effondrés, quartiers délaissés07/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2623.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marseille : immeubles effondrés, quartiers délaissés

Lundi 5 novembre, à 9 h 05, deux immeubles vétustes du quartier Noailles, au centre-ville de Marseille, les numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne, s’effondraient. À 17 heures, c’était le tour du numéro 67. Celui-ci avait été repris par la mairie il y a dix ans mais n’avait pas encore fait l’objet de travaux ; la faute aux procédures, a déclaré l’adjointe déléguée au logement.

Cinq corps avaient été retrouvés mercredi matin, mais il est probable que des victimes gisent sous les gravats sans que l’on sache précisément qui, ni combien, car des d’habitants étaient encore recherchés.

De l’avis unanime, l’état de ces immeubles était inquiétant depuis des années, sans que des mesures aient été prises. C’est le cas pour de nombreux immeubles à Marseille. Leur vétusté a été constatée, leur nombre recensé en 2015 par un rapport qui décrivait « un parc privé potentiellement indigne présentant un risque pour la santé (saturnisme) ou la sécurité de quelque 100 000 habitants. Il concerne 40 400 logements, soit 13 % du parc de résidences principales, situés pour 70 % d’entre eux dans des copropriétés ». Les immeubles écroulés lundi en faisaient partie. Ces logements se situent dans les quartiers pauvres de Marseille. Ainsi, dans le 1er arrondissement dont fait partie le quartier de Noailles, le revenu médian des locataires est de 8 000 euros par an, contre 25 000 par exemple dans le 8e arrondissement.

Le rapport soulignait que peu d’arrêtés de péril imminent avaient été pris. Mais le numéro 63 de la rue d’Aubagne avait bien fait l’objet d’un tel arrêté, il avait été muré, son accès interdit, sans que des travaux de remise en état soient entrepris. Le numéro 65, une copropriété qui abritait douze logements, avait aussi fait l’objet d’un arrêté de péril imminent des services de la ville, qui écrivaient : « Un dégât des eaux ancien et continu a fragilisé le plafond de l’entrée du bâtiment, au point que le bois pourrisse et tombe au rez-de-chaussée, etc. » Cet arrêté avait été levé le 27 avril 2017, après des travaux manifestement dérisoires par rapport à l’état du bâtiment. Le 18 octobre dernier, il fallait évacuer les habitants par la grande échelle, la cage d’escalier étant hors service. Mais les habitants réintégraient l’immeuble le jour même à 20 heures.

Inquiétés par les fissures et même la chute de pierres, des habitants du quartier avaient alerté la mairie sur le danger de ces immeubles. Mais l’indifférence de la municipalité à l’égard des quartiers pauvres, avec un éclairage public déficient, de nombreuses écoles vétustes, la saleté persistante, est telle que leurs habitants pensent qu’elle laisse les quartiers pourrir pour que les promoteurs puissent récupérer des terrains à bas prix en plein centre-ville et y réaliser des immeubles coûteux destinés à une population plus nantie.

La municipalité, comme d’ailleurs les municipalités précédentes, voudrait « monter » le niveau social du centre de Marseille et en faire partir les pauvres, pour le plus grand profit des Bouygues, Eiffage, Vinci et compagnie. Un choix que des pauvres ont payé de leur vie.

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