Dans les entreprises

Hôpital Pinel – Amiens : 140 jours de lutte

Samedi 3 novembre, au 142e jour de lutte, le personnel de l’hôpital psychiatrique Pinel, à Amiens, appelait à une manifestation. Plusieurs centaines de salariés de l’hôpital, infirmiers, médecins et aides-soignants, rejoints par des personnes les soutenant, ont défilé en scandant : « Assez de sacrifices et d’injustices. Du fric, il y en a : il faut taxer le capital. »

140 jours de lutte

Des soignants d’autres hôpitaux, comme ceux de Saint-Étienne-du-Rouvray, étaient également présents.

Les revendications restent toujours les mêmes : il faut davantage de personnel pour offrir des soins dignes aux patients et pour travailler sans avoir honte. Depuis des années, comme dans tous les hôpitaux, les effectifs ne cessent de diminuer et les services de fermer. De ce fait, récemment, plus d’une dizaine de médecins sont partis ou sur le départ, car ils estiment ne plus pouvoir soigner dignement. Les hospitalisations sont retardées, les malades pris en charge dans un état plus grave.

Depuis 2016, le personnel s’est vu imposer quatorze jours de travail supplémentaire (sans compensation !) afin de tenter de faire face au manque chronique d’effectifs. Pour un service d’une vingtaine de malades, parfois très agités, il n’y a plus que deux infirmiers, là où il y en avait cinq ou six il y a vingt ans. Ils s’épuisent et redoutent la violence et les gestes de désespoir des malades. Leur rôle est réduit aux soins de première nécessité, qu’il faut exécuter au pas de charge, excluant tout le volet relationnel de leur travail. Les patients ne sont plus soignés, mais gardés, reclus dans les chambres et mis sous sédatif.

Alors, pendant plus de trois mois, stands et tentes ont abrité à l’entrée de l’hôpital les salariés en lutte, par roulements, nuits comprises. Après le dernier grand rassemblement devant l’ARS, l’Agence régionale de santé, 17 postes supplémentaires ont été obtenus, des CDD.

C’est très loin des 60 soignants réclamés par le collectif de lutte, sans compter qu’il manque également beaucoup de personnel technique. Alors la lutte continue et le personnel d’Amiens se prépare à participer à la manifestation de ses collègues de l’hôpital de Saint-Étienne-du-Rouvray, le 15 novembre. Dans les rues d’Amiens, sur leurs banderoles était inscrit : « Votre mépris n’a pas de limite, notre détermination non plus. »

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