Rwanda : les responsables bénéficient de l’impunité31/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2622.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rwanda : les responsables bénéficient de l’impunité

Une vidéo, diffusée par Mediapart, apporte une preuve supplémentaire de la responsabilité de l’armée française dans les massacres perpétrés au Rwanda en 1994, notamment dans la région de Biserero.

La plainte déposée par six rescapés tutsis pour complicité de génocide et de crime contre L’Humanité risque cependant d’aboutir à un non-lieu, la justice ayant choisi de ne pas mener l’enquête plus loin.

Les faits remontent au début de l’opération Turquoise, lancée le 22 juin 1994 par François Mitterrand et son Premier ministre, Édouard Balladur. Alors que le régime génocidaire rwandais, soutenu et armé par la France, massacrait depuis trois mois des centaines de milliers de Tutsis et de Hutus modérés, le gouvernement français lança cette opération militaire, prétendument pour « mettre fin aux massacres partout où cela sera possible ». L’objectif réel était en fait de bloquer l’avancée des soldats tutsis du Front patriotique rwandais, qui mettaient en déroute l’armée des génocidaires hutus. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les hauts officiers chargés de l’opération aient attendu trois jours pour porter secours aux fuyards, qui tentaient de se cacher dans les marais de Biserero. L’armée française avait d’autres priorités. Et quand, enfin, le 30 juin, des sous-officiers enclenchèrent une opération de sauvetage à l’insu du commandement, plus d’un millier de Hutus supplémentaires étaient morts.

La vidéo, que la justice possédait d’ailleurs depuis trois ans, ne laisse aucun doute. On y voit un sergent-chef rapportant le 28 juin à son commandant, sans susciter la moindre réaction, comment il avait vu en patrouille « des maisons qui flambaient de partout, des mecs qui se baladaient avec des morceaux de chair arrachée ». Ces dernières années, les témoignages se sont accumulés sur la complicité de troupes françaises du début à la fin de l’opération, comme celui d’un officier décrivant comment il les avait vues protéger la fuite des génocidaires vers la République démocratique du Congo, munis de l’armement avec lequel ils allaient semer la terreur dans les camps de réfugiés et dans toute la région du Kivu.

Une politique criminelle que la droite et la gauche de gouvernement ont menée main dans la main.

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