Dans le monde

Otan : bruits de bottes et subventions aux capitalistes

L’OTAN a entamé le 25 octobre, et pour quinze jours, ses plus importantes manœuvres militaires depuis le début du siècle. Y participent 50 000 soldats et officiers de 29 pays appartenant à l’OTAN, plus la Finlande et la Suède, 10 000 véhicules, 250 avions et hélicoptères, 60 navires, dont un porte-avions américain.

Le fait que ces manœuvres se déroulent à proximité de la frontière russe ne doit rien au hasard car l’OTAN, ce bloc militaire formé en 1949 par les États-Unis contre l’Union soviétique, n’a pas disparu avec elle en 1991. Au contraire, l’OTAN n’a cessé de se renforcer depuis, principalement au détriment de la Russie. Elle a ainsi intégré les anciennes Démocraties populaires et les trois républiques baltes ex-soviétiques, en y installant parfois des bases qui menacent d’encore plus près la Russie. Cela malgré les promesses faites par le président Reagan au dirigeant soviétique Gorbatchev lors de la chute du mur de Berlin en 1989.

Les États-Unis entendent toujours montrer à tous qu’étant la première puissance économique au monde, ils ont les moyens, y compris militaires, d’imposer leur loi. C’est le sens principal de cette démonstration de forces en Norvège, qui entraîne presque tous les pays d’Europe dans le sillage des États-Unis.

Les déclarations de Trump, à la veille de ces manœuvres, sur sa volonté de sortir du Traité de renonciation aux armes nucléaires de portée intermédiaire signé par Reagan et Gorbatchev il y a trente ans, comme ses rodomontades quand il promet d’en découdre avec la Corée du Nord, puis avec l’Iran, ne sont pas seulement dues au caractère imprévisible du président américain, ni à son besoin de flatter le chauvinisme va-t-en guerre d’une partie de son électorat, à la veille des élections américaines de mi-mandat.

Ces roulements d’épaules ont lieu sur fond de guerres, qui restent pour l’heure plus ou moins seulement locales, mais aussi d’aggravation de la crise du système capitaliste mondial. Et de ce point de vue, le climat de confrontation permanente qu’entretiennent les petits mots ou les gestes bravaches de tel ou tel dirigeant des États les plus puissants, leur sert aussi à doper les commandes d’armement à leurs industriels. Ils espèrent que cela aura un effet stimulant sur une économie capitaliste qui se serait depuis longtemps effondrée sans une aide massive des gouvernements, dont les commandes militaires, et celles de l’État en général, sont une des multiples formes.

Les remontrances de Trump, lors du dernier sommet de l’OTAN, quant à la prétendue faiblesse du budget militaire de ses alliés, visaient à les entraîner dans une course aux armements. Et il ne doutait pas que cela profiterait d’abord au principal constructeur d’armes au monde, les États-Unis.

Macron l’a « regretté profondément », l’armée belge a quand même préféré acheter 34 bombardiers américains F-35 plutôt que l’Eurofighter Typhoon européen. Visiblement, Washington disposait d’arguments puissants pour convaincre Bruxelles. Et même quand Trump demande des explications sur l’assassinat d’un journaliste par les services secrets d’Arabie saoudite, il affirme aussitôt que l’aide militaire américaine lui reste acquise. Et tant pis pour des alliés mais concurrents comme la France, dont le président et les ministres n’ont eu aucun mot pour critiquer le régime saoudien, dans l’espoir que celui-ci, qui est le troisième meilleur client de Paris en ce domaine, lui ouvre de nouveaux marchés.

Restent à Macron et à ses VRP ministériels à essayer de satisfaire Dassault et compagnie en vendant plus de Rafale de par le monde. Comme des industriels français de l’armement pourraient rester sur leur faim, la ministre des Armées vient de leur faire un beau cadeau en lançant ces jours-ci le programme d’études du porte-avion nucléaire appelé à remplacer le Charles-de-Gaulle.

Il y en aura pour des dizaines de milliards que l’État fera payer aux contribuables. Le budget de l’armement sert à faire la guerre aux peuples un peu partout ; il sert aussi aux capitalistes de chaque pays à dévier vers leurs caisses les sommes soutirées à leurs classes populaires.

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