Dans le monde

Amérique centrale : les migrants poursuivent leur marche

La caravane de migrants partie le 13 octobre du Honduras poursuit sa marche vers les États-Unis. Plusieurs centaines d’entre eux ont réussi à rejoindre l’État du Chiapas, au sud du Mexique, et sont bien décidés à poursuivre leur route.

Donald Trump, en pleine campagne électorale du mi-mandat, a joint l’acte à la parole. Après qu’il a menacé de faire intervenir l’armée à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, celle-ci a commencé à prendre position. Au total, 5 000 militaires américains devraient ainsi s’ajouter aux policiers et aux snipers qui bouclent déjà la frontière. Trump attend de cette mesure un bénéfice électoral immédiat, car il faudra encore du temps pour que la caravane traverse tout le Mexique.

Pour le moment, en accord avec les États-Unis, le gouvernement mexicain exerce sa répression contre les migrants. L’unité de police qui en est chargée, la « Migra », est formée à détecter les migrants et à les expulser. Le prochain gouvernement, celui du président Lopez Obrador, doit se mettre en place à partir du 1er décembre. Il annonce une autre manière de faire qui consisterait à accueillir les migrants et à leur proposer cartes de travail et emplois. On verra ce qu’il en sera vraiment, mais il s’agirait encore pour lui de tenter d’enrayer la progression des migrants vers les États-Unis.

La caravane de quelque 1 500 personnes à l’origine de ce mouvement visait à fuir une situation très dégradée au Honduras, où dominent la misère et la violence, accentuées par un régime dictatorial imposé en 2009 par les États-Unis. L’idée de partir en masse vise à réduire les risques de l’entreprise, car les migrants tombent souvent sous la coupe de gangs qui les réduisent en esclavage, quand ils ne les tuent pas.

La caravane partie du Honduras a rapidement fait école en Amérique centrale et des migrants du Guatemala, du Salvador et d’autres s’y sont ajoutés. Selon des comptages officiels, quelque 7 000 personnes se seraient maintenant mises en route. Toutes les autorités se sont mobilisées pour arrêter ce mouvement, mais la caravane a trouvé des soutiens dans la population tout au long du chemin.

La question des migrations en Amérique latine est ainsi mise au premier plan. Il se trouve que, la veille du départ de la caravane, se tenait une réunion officielle sur cette question entre représentants des gouvernements d’Amérique centrale, en présence du vice-président des États-Unis. Ce dernier a constaté que, lors de l’année écoulée, « plus de 225 000 Guatémaltèques, Honduriens et Salvadoriens ont tenté de franchir la frontière sud des États-Unis ». Dans le même temps, quelque 75 000 personnes originaires de ces pays ont été expulsées. Il a aussi noté que le nombre de candidats à l’émigration a diminué au Salvador, mais il a explosé au Honduras (+61 %) et au Guatemala (+75 %).

Cependant personne dans cette conférence ne s’est demandé pour quelles raisons des centaines de milliers de personnes cherchent à fuir leur pays, en quête d’une vie meilleure. La lutte contre les migrants est un cheval de bataille de Trump. Mais, s’il y a autant de migrants prêts à tout risquer, y compris leur vie, pour rejoindre les États-Unis, c’est la rançon de la politique menée par Washington depuis qu’un certain président Monroe, en 1823, a considéré que tout le continent américain leur appartenait. En pillant l’Amérique du Sud, les multinationales nord-américaines, avec d’autres, ont creusé les inégalités entre le Sud et le Nord du continent et rendu en retour les États-Unis attractifs, même si les patrons américains ont surtout à proposer aux migrants des emplois durs et sous-payés, c’est-à-dire une exploitation renforcée.

Le passage de la caravane a aussi déclenché un mouvement réconfortant de solidarité. Non seulement des personnes ont aidé matériellement les membres d’une caravane qui compte beaucoup de jeunes mais aussi des familles, des personnes âgées et des handicapés, mais des associations et des organisations militantes dénoncent Washington et les gouvernements de la région, exigeant notamment des frontières ouvertes.

Cette affaire est loin d’être conclue. La caravane pourrait aussi entraîner des Mexicains qui ont le même rêve américain. Elle montre en tout cas qu’il y a d’un côté les gouvernants qui multiplient les obstacles pour les migrants, et de l’autre les peuples en quête d’un monde meilleur, qu’ils n’obtiennent et ne peuvent obtenir de ces mêmes gouvernants.

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