Maroc : le bras armé de l’Europe contre les migrants17/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/10/2620.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : le bras armé de l’Europe contre les migrants

Depuis le mois de juillet, plus de 7 000 migrants subsahariens ont été déplacés de force vers le sud du Maroc. La police maritime a aussi tiré à deux reprises sur des embarcations de migrants marocains, tuant une jeune femme et faisant plusieurs blessés.

Les autorités marocaines ne sont là que le bras armé de l’Union européenne, qui cherche ainsi à diminuer le flux de migrants tentant d’atteindre l’Europe en partant du Maroc.

La route passant par la Libye et l’Italie étant devenue particulièrement difficile du fait de la fermeture des ports italiens par Salvini, le nombre de migrants qui tentent le voyage du Maroc à l’Espagne a notablement augmenté ces derniers mois. 40 000 personnes sont arrivées depuis le début de l’année 2018 sur les côtes espagnoles en traversant le détroit de Gibraltar, contre 28 000 en 2017 et 14 000 en 2016. D’autres ont réussi à franchir à plusieurs centaines les barrières hérissées de barbelés et de lames tranchantes de l’enclave espagnole de Ceuta en territoire marocain.

Pour le gouvernement espagnol comme pour les autorités européennes, il s’agit de fermer cette nouvelle route vers l’Europe et, pour cela, les gouvernements européens peuvent compter sur l’appui sans faille du gouvernement marocain. Tous collaborent au sein d’un « commandement unique » chargé du contrôle de l’émigration irrégulière dans le détroit de Gibraltar. La Commission européenne vient par ailleurs de décider l’attribution en urgence de 55 millions d’euros pour « des programmes de gestion des frontières au Maroc et en Tunisie », c’est-à-dire pour que ces deux pays mettent plus de moyens dans la surveillance de leurs côtes.

Ces politiques infâmes décourageront sans doute certains candidats au départ vers l’Europe, mais elles ne pourront pas arrêter le flux de migrants qui fuient la misère et le manque total de perspectives. Les Africains subsahariens qui ont été conduits de force à environ 900 km au sud de Tanger ne pensent qu’à mettre un peu d’argent de côté pour remonter vers le nord et tenter à nouveau la traversée. Et bien des jeunes Marocains, réduits au chômage et à la pauvreté, sont tout aussi déterminés à rejoindre l’Europe, prêts à payer 6 000 à 7 000 dirhams (environ 600 euros) pour prendre place dans une embarcation au péril de leur vie.

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