Leur société

Conflit d’intérêts : la ministre et le trust du BTP

La portion de la route N79 traversant l’Allier et la Saône-et-Loire est réputée très dangereuse et l’État s’est engagé à la sécuriser, notamment en en transformant 92 kilomètres en autoroute. La construction de celle-ci et sa mise en concession avec péage font donc l’objet d’un appel d’offres. Cinq groupements d’entreprises y ont répondu et il revient à la ministre des Transports, Élisabeth Borne, de sélectionner dans les semaines qui viennent qui remportera ce marché.

Le hic, c’est qu’Élisabeth Borne a travaillé pour le groupe Eiffage, l’un des candidats à l’appel d’offres, en 2017 et 2018, justement en tant que directrice des concessions.

Dans l’entourage de la ministre, cité par le journal Le Monde, on ne voit pas le problème : « Il n’y a pas la moindre suspicion possible de conflit d’intérêts. » Il est vrai qu’il est difficile de distinguer ce qui, dans l’activité des ministres, relève du service des grands groupes industriels et financiers, tant ils incarnent dans leur personne même l’union de l’État et de ces derniers.

La carrière d’Élisabeth Borne, « ministre de la société civile » paraît-il, est un conflit d’intérêts permanent : polytechnicienne, elle a occupé successivement des postes dans divers ministères et hautes administrations, comme préfète et aujourd’hui comme ministre, et à la direction de diverses entreprises publiques comme la SNCF et la RATP dont elle a été PDG, ou d’une entreprise privée comme Eiffage.

Le pouvoir s’appuie fondamentalement sur une fusion d’intérêts entre les capitalistes et leurs serviteurs politiques. Du moins tant que les travailleurs, les utilisateurs des routes, ne se mêleront pas de contrôler les comptes de ces entreprises du bâtiment et les agissements des ministres.

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