Dans les entreprises

Michelin – Vendée : menace de suppressions d’emplois

Jeudi 4 octobre, à l’appel de la CGT, plus de deux cents travailleurs, ouvriers de l’usine de la Roche-sur-Yon en Vendée et militants venus d’autres sites, se sont rassemblés devant les portes de l’entreprise. Ils ont ensuite manifesté, pour protester contre les menaces qui pèsent sur les emplois.

Quand Michelin a mis plus de 700 salariés à la porte de son usine de Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire, en 2013, le PDG du groupe a promis, en contrepartie, des investissements dans l’usine de La Roche-sur-Yon, le dernier site en France à produire des pneus pour poids lourds. Il était alors question d’une injection de 100 millions d’euros sur trois ans et de la création de 170 d’emplois.

En 2016, la direction du site de La Roche a conditionné ces créations d’emplois (entre-temps divisées par deux) et ces investissements (revus à la baisse, à 56 millions d’euros) à la signature d’un accord de compétitivité. Celui-ci exigeait de nouveaux sacrifices de la part des travailleurs, en particulier le passage aux horaires en 4x8, avec jusqu’à seize dimanches travaillés par an. S’abritant derrière le résultat d’un référendum auquel les travailleurs avaient participé le couteau sur la gorge, la plupart des syndicats de l’usine avaient signé ce prétendu « pacte d’avenir ».

Mais en février 2018 Michelin suspendait ses promesses d’investissement, affirmant que l’usine de La Roche ne serait pas assez rentable pour que cela vaille la peine d’y investir. Sur les six machines qui devaient être implantées dans l’usine de Vendée, deux sont parties en Espagne et deux en Roumanie, et tous les percements faits dans le bâtiment qui devait recevoir ces machines ont été rebouchés.

Cela a eu l’effet d’une douche froide sur bien des travailleurs qui, à défaut de salaires, d’horaires et de conditions de travail convenables, espéraient au moins pouvoir compter sur une certaine sécurité de l’emploi dans cette usine présentée, en particulier aux jeunes nouvellement embauchés, comme promise à un long et bel avenir.

Autre raison d’être mécontents : l’annulation des investissements s’est accompagnée d’une baisse des commandes et d’un retour des 4x8 aux 3x8. Si ce rythme est un peu moins pénible, le passage aux 3x8 s’est traduit par une perte sur les primes, et donc une baisse de revenu pour les ouvriers.

Pour éviter que l’inquiétude et le mécontentement ne se transforment en coup de colère, et pour entretenir le trouble dans les têtes, Michelin souffle le chaud et le froid. En janvier 2018, Michelin annonçait encore vouloir recruter, et se plaignait même de la difficulté de trouver de bons candidats. Tout récemment, Michelin a annoncé la relance de la fabrication des pneus pour poids lourds. Mais le groupe n’a pas pu cacher qu’il comptait tout de même supprimer au moins 70 emplois, soit 10 % des effectifs du site.

À l’usine, aujourd’hui, nul ne sait de quoi demain sera fait. Mais les travailleurs peuvent avoir des certitudes : celle que les prochaines décisions les concernant seront prises dans le seul intérêt des actionnaires ; et celle qu’ils ne devront compter que sur leurs luttes pour sauver leur peau.

Dans les combats à venir, ils auront à affirmer que, quoi qu’il en dise, le patron a tous les moyens de maintenir les emplois. En 2017, Michelin a touché 17 millions d’euros au titre du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et déclaré un bénéfice net de 1,7 milliard d’euro, ce qui représente plus de 15 000 euros par salarié du groupe ! Et, pour le premier semestre 2018, Michelin vient d’annoncer un bénéfice en hausse de 6 %.

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