Indonésie : la population abandonnée10/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/10/2619.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Indonésie : la population abandonnée

Le bilan du tremblement de terre et du tsunami qui a frappé la ville indonésienne de Palu et sa région s’élève désormais à plus de 2 000 morts. Une semaine après la catastrophe, les habitants qui ont réussi à échapper au drame manquent de tout. Ils seraient 200 000 réfugiés dans des abris de fortune et errant à la recherche de leurs proches.

Ce triste spectacle est celui de bien des catastrophes lorsqu’elles surviennent dans des pays pauvres, où le désastre est encore accentué par l’absence totale de prévention et le manque de moyens disponibles pour faire face. Dans le cas de l’Indonésie, le refus de l’armée et des autorités de laisser accéder l’aide internationale autrement qu’au compte-gouttes accentue encore le chaos, et permet par ailleurs aux grandes puissances de se dédouaner à bon compte de leur inaction.

L’Indonésie tout entière est située dans l’une des zones les plus sismiques du monde. Cet été déjà, un autre tremblement de terre avait fait plus de 500 morts dans l’île de Lombok, près de Bali. La ville de Palu elle-même a subi huit tremblements de terre en un siècle. Malgré cela, la plupart des bâtiments ne respectent pas les normes de construction antisismiques. Les propriétaires indonésiens ou les autorités du pays bâtissant des logements sociaux ou des écoles ne sont pas les seuls à mettre ainsi en danger la vie ceux qui y habitent. Les hôtels qui bordaient les plages de cette cité balnéaire étaient également dans ce cas, comme l’hôtel Mercure aujourd’hui effondré, appartenant au groupe français Accor. Pour afficher une vue sur la plage et une piscine extérieure, ils étaient à la merci de tsunamis dont la violence, expliquent aujourd’hui les spécialistes, est accentuée par l’étroitesse de la baie.

Aux victimes directes du tremblement de terre s’ajoutent aujourd’hui, plus d’une semaine après le drame, celles de l’abandon dans lequel sont laissés les survivants. Les hôpitaux sont en ruine ou dans l’incapacité de soigner faute d’électricité, l’eau potable manque, les routes sont détruites, les ambulances ne peuvent de toute façon pas circuler faute d’essence et la nourriture fait elle aussi défaut. Face à une telle crise, les moyens de sauvetage que les grandes puissances sont prêtes à consacrer, même si les autorités indonésiennes acceptaient vraiment cette aide, sont de toute façon dérisoires.

Jamais l’on n’a pu voir, lors des grandes catastrophes de ces dernières années survenant dans des pays pauvres, plus que quelques bataillons de sapeurs-pompiers, des maîtres-chiens pour repérer les victimes enfouies et rarement un navire hôpital. Souvent, on voit surtout intervenir des organisations non gouvernementales comme Médecins sans frontières ou la Croix-Rouge. Ce n’est rien par rapport à ce que mettent en œuvre les grandes puissances lorsqu’il s’agit de défendre militairement leurs intérêts. Ainsi, lors de la première guerre du Golfe en 1991, ce sont 940 000 hommes que les USA, la Grande-Bretagne et la France ont transportés dans le désert irakien, nourris pendant des mois, alimentés en essence et soignés quand il le fallait. Et leurs dirigeants sont prêts à recommencer si nécessaire.

Si de telles capacités étaient mises à la disposition des populations sinistrées, comme en Indonésie, les conséquences des catastrophes naturelles en seraient considérablement réduites. Mais cette société capitaliste consacre infiniment plus d’argent à détruire des vies humaines, quand les intérêts des possédants l’exigent, qu’à en sauver.

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