Goodyear – Amiens : les ex-salariés aux Prud’hommes10/10/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/10/P11_Proces_Goodyeardans_salle_de_spectacle_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Goodyear – Amiens : les ex-salariés aux Prud’hommes

Jeudi 4 octobre, 850 ex-salariés de l’usine Goodyear d’Amiens faisaient comparaître leur ancien employeur devant le tribunal des prud’hommes, déplacé pour la circonstance dans une grande salle de spectacle. Des délégations d’ouvriers de Ford Blanquefort, d’employés du CHU de Rouen et de l’hôpital psychiatrique d’Amiens étaient venues les soutenir.

Illustration - les ex-salariés aux Prud’hommes

L’usine a été fermée en 2014 et ses 1 143 salariés jetés à la rue. À peine 5 % d’entre eux ont retrouvé un emploi durable, les autres enchaînent des missions d’intérim ou sont au RSA. Ils contestent les raisons de leur licenciement, que leur avocat a présenté comme sans cause sérieuse. En effet, en 2014, la multinationale du pneumatique réalisait 2,7 milliards de dollars de bénéfices après impôt, soit le profit le plus important jamais affiché depuis sa création. À cette somme venaient s’ajouter les aides de l’État, dont le fameux CICE.

L’avocat de l’entreprise a de son côté contre-attaqué, en tentant de démontrer que l’usine Goodyear d’Amiens était une entité indépendante du groupe Goodyear-monde et que cette entreprise « sous-traitante indépendante », elle, était en difficulté financière. Mais ces « difficultés » étaient organisées par Goodyear, qui avait arrêté d’investir dans les machines du site depuis des dizaines d’années et avait spécialisé le groupe dans la fabrication de gammes de pneus en perte de vitesse.

En 2014, le Code du travail qualifiait encore d’abusifs les licenciements dans les usines d’un groupe bien portant, ce qui n’a nullement empêché Goodyear de fermer l’usine d’Amiens. Depuis, les lois Macron ont encore simplifié la vie du patronat, puisque c’est sur la base des résultats de chaque site de production qu’est appréciée la justification des licenciements.

Quatre ans après la fermeture de l’usine, quelques mois après la condamnation à de la prison avec sursis de sept ouvriers et syndicalistes de Goodyear pour séquestration, cette bataille d’une grande majorité des ex-salariés, même si elle reste sur le plan judiciaire, montre la détermination des travailleurs de Goodyear à ne pas rester sans réagir face à la morgue et à l’appétit de profit des actionnaires.

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