Harkis : tardive aumône26/09/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/09/2617.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Harkis : tardive aumône

Quelques jours après avoir rendu visite à la veuve de Maurice Audin et avoir reconnu que la torture avait été un « système » pendant la guerre d’Algérie, Macron a décoré une trentaine de harkis et de descendants de harkis, et annoncé la création d’un fonds de secours de 40 millions d’euros. Une façon de tenir la balance égale entre la gauche et l’extrême droite.

Les harkis, ces Algériens recrutés par l’armée française comme auxiliaires dans sa sale guerre, fournissent à la droite et à l’extrême droite un thème de discours. Au fond, elles n’ont que faire du sort de ces 42 000 hommes, 90 000 avec leurs familles, rapatriés en France et laissés à leur misère. Les deux tiers des 150 000 harkis furent abandonnés sur place par l’armée française et bien souvent massacrés comme traîtres. Ceux qui parvinrent à prendre le bateau furent d’abord parqués dans des camps, à Rivesaltes, au Larzac, dans le Languedoc, encadrés de près par des officiers, coupés de la population. On les dispersa peu à peu, dans des hameaux de forestage perdus dans les bois, dans des cités Sonacotra près des villes.

Dans l’été 1975, ceux qui restaient dans les camps, à Bias dans le Lot-et-Garonne, à Saint-Maurice-l’Ardoise dans le Gard, se révoltèrent, prirent des otages et obtinrent quelques améliorations de leur situation. Certains de leurs enfants continuèrent à revendiquer que l’État français reconnaisse leurs services et les indemnise. C’est à eux principalement que Macron adresse son aumône d’aujourd’hui. Mais il y a peu de chances qu’elle fasse oublier aux enfants comment l’impérialisme français a traité leurs parents.

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