Dans les entreprises

Conditions de travail : l’autre côté de la rue

À en croire Macron, il peut suffire de traverser la rue pour trouver du travail, par exemple dans la restauration. Mais quand c’est le cas, à quel travail et à quels comportements peut-on s’attendre de la part de certains patrons ?

Un exemple ? Cela se passe dans un restaurant coté, proche de la région parisienne, dont le patron donne des interviews dans la presse pour vanter, non seulement sa cuisine, mais toute sa sensibilité vis-à-vis des aliments… et des hommes. Le personnel peut s’attendre, pour une responsable, chef de rang, à à peine plus de 1 200 euros net, et les autres, bien sûr, à encore moins. La semaine de travail dépasse largement les 35 ou même les 39 heures, avec jusqu’à 10 heures supplémentaires non payées, voire plus.

Quand les salariés se plaignent, voilà ce que leur répond ce noble monsieur : « Les heures supplémentaires ? Eh bien je vous ai laissé à disposition le montant de pourboires, que j’aurais pu garder pour moi. Alors, estimez-vous donc heureux. » Et quand une salariée, malade, souffrant d’une grave pathologie cardiaque, vient se présenter avec une prescription médicale de reprise à mi-temps thérapeutique, ordonnée de plus par la médecine du travail, le même patron lui répond : « Tu n’as pas à écouter les médecins, ils disent n’importe quoi. » Et de lui faire comprendre qu’il ne la licenciera pas et que, si elle ne veut pas reprendre à plein temps, elle n’a qu’à démissionner.

Quant au jeune employé qui travaille pour lui, le patron a exigé qu’il couche dans une mansarde à l’auberge car, n’ayant pas de voiture, il faut être sûr qu’il soit à l’heure le matin au travail.

Quant à ce qui peut leur arriver, dans le domaine public cette fois, cela vaut aussi la peine d’en parler. Ainsi, un ouvrier hautement qualifié est recruté par une mairie, avec comme responsabilité de diriger une équipe d’une dizaine d’ouvriers des services techniques. Il accepte donc déjà une situation totalement anormale avec un salaire lamentable « Tu commenceras par un contrat, mais c’est très provisoire tu verras », lui dit-on. Ledit contrat, payé à moitié par l’État, lui offre une rémunération de 1 200 euros net, alors que le salarié qu’il remplace touchait le double et que ceux qu’il commande touchent 30 à 50 % plus que lui. Si au fil des mois les responsabilités pleuvent de plus en plus, les conditions obligatoires d’accompagnement de son contrat sont allègrement violées et il apparaît qu’il ne verra jamais son contrat transformé en emploi CDI correspondant à sa fonction.

Et puis, à quoi en est réduit le Crous, organisme d’État gérant les locaux universitaires ? Ses responsables font demander à un salarié, employé sur des sites distants de dizaines de kilomètres les uns des autres, de se payer ses frais d’essence et d’usure de sa voiture personnelle, trouvant normal que le salarié abandonne 25 à 40 % de sa paye, à peine supérieure au smic, en frais de transport.

Voilà quelques tranches de vie vécues par les salariés, telles qu’on peut les connaître rien qu’en traversant la rue.

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