Rentrée scolaire : pénurie organisée05/09/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/09/P3_Lupo_rentree_FINALISE.jpg.420x236_q85_box-0%2C39%2C375%2C249_crop_detail.jpg

Leur société

Rentrée scolaire : pénurie organisée

Emmanuel Macron, sacrifiant à l’exercice habituel, est allé se faire filmer le jour de la rentrée dans un établissement scolaire, un collège situé à Laval en Mayenne. Il était flanqué pour l’occasion de son ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, et de la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel.

Illustration - pénurie organisée

Chaque année on a droit aux mêmes images, après quoi les parents peuvent constater combien les moyens alloués à l’école sont insuffisants pour donner une éducation de qualité à tous, et notamment aux plus fragiles. C’est le cas pour les élèves handicapés dont la scolarisation nécessiterait l’aide d’une auxiliaire de vie scolaire (AVS). On a pu entendre à la radio une mère d’élève angoissée expliquant que l’auxiliaire affectée à son enfant ne l’avait été que sur le papier. En mai dernier, 6 000 élèves étaient en attente d’un accompagnement, et quand une AVS est accordée elle ne l’est souvent que pour une partie du temps scolaire, ou doit prendre en charge plusieurs élèves.

C’est à tous les niveaux que les moyens ne sont pas à la hauteur de ce qui serait indispensable. En primaire et en maternelle, des classes à effectifs réduits seraient partout nécessaires, bien au-delà de celles qui ont été dédoublées dans les cours préparatoires et élémentaires des seuls quartiers défavorisés. Et pour commencer il faudrait que ces dédoublements ne se traduisent pas par une aggravation de la situation ailleurs. 800 classes ferment dans les établissements ruraux, 890 postes sont supprimés dans les maternelles, les effectifs de remplaçants fondent. Les collèges et les lycées manquent aussi d’enseignants supplémentaires, alors que 25 000 élèves de plus y font leur rentrée.

La philosophie du gouvernement pour l’école est la même que pour l’hôpital ou d’autres services publics. Selon lui, tout serait une question d’organisation et des moyens supplémentaires ne serviraient à rien. Au nom de ce principe, tout changement se fait à moyens constants. Macron et Blanquer dégarnissent des niveaux pour en renforcer d’autres. Ils occupent le terrain en annonçant des tests d’évaluation, soi-disant pour permettre aux enseignants de mieux adapter leur pédagogie. Il est vrai que faire passer un questionnaire ne coûte rien, tant qu’il ne s’agit pas de mettre un enseignant de plus devant les élèves pour remédier aux lacunes révélées. Et comme à chaque rentrée on a droit à un nouveau gadget : cette année, l’interdiction du portable au collège.

Tout cela permet au gouvernement de puiser dans l’argent destiné aux services publics pour le distribuer au grand patronat. Par contre, aux capitalistes, Macron épargne sa philosophie de pacotille sur les vertus de l’organisation pour leur réserver des milliards sonnants et trébuchants.

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