Impôt à la source : les inquiétudes de Macron05/09/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/09/2614.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Impôt à la source : les inquiétudes de Macron

Après avoir affirmé que le prélèvement à la source des impôts commencerait au 1er janvier 2019, le gouvernement tergiverse, pour finalement s’en tenir à la date prévue. Prévue par le gouvernement Hollande avant 2016, cette réforme prévoit de prélever l’impôt sur le salaire, chaque mois.

L’État a déjà consacré plus de 195 millions pour financer ce prélèvement à la source car il en escompte des retombées. La première pour lui serait la suppression de 20 000 emplois dans l’administration fiscale, s’ajoutant aux 35 000 postes supprimés depuis quinze ans. Il compte aussi récupérer l’impôt plus facilement et encaisser immédiatement l’impôt de tous ceux qui jusqu’à maintenant payaient par tiers.

Mais, cette mesure, présentée comme technique, a fini par tourner au casse-tête politique pour Macron et son gouvernement. Pour justifier son hésitation, Macron a évoqué des problèmes techniques. Il est vrai que le bilan sur la phase de tests, qui a fuité dans le journal Le Parisien, n’est guère rassurant pour les salariés : de nombreuses anomalies ont été relevées et ont culminé au mois de février avec 352 000 erreurs. L’impôt a par exemple été prélevé deux à trois fois sur un même salaire, des homonymes ont été confondus. Le ministre Gérald Darmanin a répété ces jours-ci que les problèmes techniques étaient levés. Mais le même ajoute : « Est-ce que, psychologiquement, les Français sont prêts ? » Car le problème pour le gouvernement est politique.

Depuis le début du quinquennat, Macron prétend « redonner du pouvoir d’achat » aux salariés. La réalité est que le pouvoir d’achat des travailleurs ne fait que baisser et depuis longtemps. D’abord parce que la plupart de ceux qui sont passés par le chômage, et ils sont des millions, ne retrouvent souvent que des emplois moins bien payés. Dans les entreprises, de plus en plus de postes sont occupés par des intérimaires ou des sous-traitants faisant un travail plus dur pour un salaire moindre que les anciens embauchés. ­Ensuite, même pour ceux qui ont un emploi et un salaire stables, la hausse des prix, dont celui de l’essence, fait reculer le pouvoir d’achat. Et cela, même quand les chiffres gouvernementaux prétendent le contraire. Or, aujourd’hui, le gouvernement avoue lui-même que l’inflation repart avec un taux officiel de plus de 2 %.

Dans ce contexte, le prélèvement des impôts à la source aura pour effet immédiat de baisser le chiffre figurant en bas de la feuille de paie. Les salariés pourront voir leur paie diminuer de cent à deux cents euros, même si à la fin et au bout de l’année, leur revenu ne baisse pas.

C’est cela qui a fait hésiter le gouvernement, inquiet d’une popularité en baisse. Et cela soucie aussi le patronat. Selon le journal patronal Les Échos du 31 août : « Ce que de nombreux employeurs redoutent, c’est l’effet psychologique pour les salariés de voir leur rémunération amputée chaque mois du montant de leur impôt ».

En fait, ils craignent que cette mesure, supposée ne pas toucher au pouvoir d’achat, soit pour les travailleurs une goutte d’eau, peut-être symbolique, mais qui fasse déborder le vase, déjà bien rempli, du mécontentement sur les salaires.

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