Homéopathie : vérité scientifique ou poule aux œufs d’or ?05/09/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/09/2614.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Homéopathie : vérité scientifique ou poule aux œufs d’or ?

La faculté de médecine de Lille vient d’annoncer la suspension de sa formation au diplôme universitaire d’homéopathie dans l’attente, a-t-elle ajouté, de la position de la Haute autorité de santé (HAS) chargée d’évaluer les médicaments en vue de leur remboursement. Car, oui, les médicaments homéopathiques sont remboursés par la Sécurité sociale.

Loin d’être un traitement médical pouvant faire la preuve de son efficacité, l’homéopathie est une doctrine. À la fin du 18e siècle, Samuel Hahnemann, son inventeur, est parti du fait que l’écorce de quinquina entraînerait chez l’homme sain une fièvre semblable à celle du paludisme qu’on traitait alors avec cette écorce. Il émit le premier postulat de l’homéopathie, le principe de similitude, selon lequel un même produit peut entraîner des troubles chez un individu en bonne santé et guérir ces troubles chez un individu malade.

Heureusement, avant d’expérimenter sur lui-même avec des produits plus toxiques, il eut l’idée de les diluer. C’est le principe de dilution : une goutte est diluée dans 100 fois son volume d’eau, puis une goutte de ce mélange est à son tour diluée dans cent fois son volume, et ainsi de suite… C’est la fameuse CH (centésimale hahnemannienne) inscrite sur les petits tubes de granules homéopathiques. Il est clair que, quand on parvient à la sixième dilution, il n’y a plus l’ombre du produit d’origine. C’est de l’eau qu’on emballe dans un petit grain de sucre, un granule qui, certes, ne peut pas faire de mal.

La démonstration de l’efficacité d’un médicament – le service médical rendu – est indispensable pour obtenir le remboursement par la Sécurité sociale. Elle est impossible à démontrer pour les médicaments homéopathiques qui ne contiennent aucun principe actif. Qu’importe, ils sont remboursés à 30 % ! Et c’est la Haute autorité de santé, celle à qui la faculté de Lille en appelle, qui l’accepte.

En juin dernier, la HAS réexaminait, comme c’est la règle, des spécialités homéopathiques inscrites sur la liste des médicaments remboursables en 2012. Considérant qu’elle ne pouvait se prononcer sur le service médical rendu mais que rien n’a changé depuis cinq ans et que les conditions sont les mêmes, elle a reconduit le remboursement à 30 %.

La Sécurité sociale paiera donc, comme elle le fait depuis 1984, quand la ministre de la Santé du gouvernement Fabius a décidé d’inclure des spécialités homéopathiques dans la liste des médicaments remboursables.

Agnès Buzyn, la ministre de la Santé actuelle, déclarait pourtant en mai dernier : « L’homéopathie n’a jamais été évaluée médicalement. Si elle est utile, elle restera remboursée. Si elle est inutile, elle cessera de l’être. » Mais elle est utile à quoi et à qui ? La pression du laboratoire Boiron et l’envie de ne pas déplaire à une partie de l’opinion pourraient bien être plus fortes que l’évidence scientifique.

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