Dans les entreprises

Airbus : les actionnaires sont contents, pas les travailleurs

Fin juillet, Airbus publiait les résultats du 1er semestre 2018 et les actionnaires peuvent être contents. Malgré un bénéfice qui chute de moitié, à 496 millions d’euros, et un chiffre d’affaires qui reste stable, le résultat d’exploitation se monte à 1,162 milliard d’euros, supérieur aux attentes, a déclaré le PDG.

Ces résultats sont le produit d’une augmentation importante de l’exploitation. Les cadences augmentent dans toutes les usines. À Toulouse, sur la chaîne A350, c’est maintenant une cadence de 10 avions par mois. Sur la chaîne A320, c’est une cadence de 17. Mais, pour atteindre ces objectifs, la direction n’embauche quasiment pas. Ce sont les heures supplémentaires qui explosent. Entre le 1er janvier et la fin mars de cette année, 26 482 heures supplémentaires ont été effectuées. Et c’est sans compter les heures écrêtées, c’est-à-dire non payées. 26 482 heures, cela correspond au travail d’au moins une soixantaine de travailleurs, qui n’ont donc pas été embauchés. Car la direction choisit de maintenir un haut niveau de précarité : c’est au compte-gouttes que les intérimaires voient leur contrat transformé en CDI. Au contraire, la direction voudrait qu’ils acceptent des CDI intérimaires, ces contrats de précarité à vie.

Les accidents du travail augmentent, de même que le nombre de troubles musculo-squelettiques ou les burn-out. Les absences pour maladie ont augmenté de 4,8 % en 2017, celles pour maladie supérieure à 6 mois de 5,9 %. Et ce ne sont pas les nouveaux bureaux avec fauteuils et canapés, au Bureau d’études ou aux Essais en vol, ou les fauteuils massants installés dans un restaurant qui améliorent quoi que ce soit.

Chez les sous-traitants, c’est souvent pire. Par exemple, à la chaîne A330, un poste a été sous-traité à l’entreprise AAA. Non seulement les salariés ont des salaires inférieurs mais, en plus, ils sont moins nombreux pour faire le même travail. Des peintres de l’entreprise STTS ont dû faire 12 jours de grève pour se faire respecter. Le patron a finalement proposé d’intégrer dans leur salaire une prime de 80 euros et de ­supprimer une de leurs pauses (ils font une pause d’une demi-heure après 90 minutes de travail). Au total, le taux horaire a été augmenté de 1,52 euro mais ils ont perdu du repos.

En 2017, 718 avions ont été livrés, soit plus 30 par rapport à l’année précédente. Mais, suite à des problèmes techniques divers, les livraisons aux compagnies ont été concentrées en fin d’année. À Toulouse, 127 avions ont été livrés en décembre. C’est dire le niveau très important de la charge de travail. Eh bien, cette année encore, alors que seulement 380 avions ont été livrés au 31 juillet, et qu’il faudrait en livrer 90 de plus qu’en 2017, soit 808, le second semestre s’annonce difficile pour les travailleurs. Mais leur résistance pourrait être supérieure aux attentes des exploiteurs.

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