Italie : Des agressions racistes encouragées par les discours du gouvernement08/08/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/08/LO2610.jpg.445x577_q85_box-0%2C9%2C200%2C269_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Des agressions racistes encouragées par les discours du gouvernement

Ces dernières semaines, les agressions racistes se sont multipliées en Italie. L’une des dernières en date, à Pistoia en Toscane, a visé un jeune Gambien sur lequel deux hommes ont tiré en l’insultant.

Quelques semaines plus tôt, à Caserta, près de Naples, trois jeunes avaient tiré sur deux immigrés maliens en scandant le nom du ministre de l’Intérieur et dirigeant de la Ligue, d’extrême droite, Salvini. Entre-temps, plusieurs autres agressions à coups de revolver, de pistolet d’alarme ou de carabine à air comprimé se sont déroulées suivant des scénarios similaires, avec ou sans injures racistes, mais toujours contre des Noirs ou des Roms.

Le climat de violence contre les migrants et le passage à l’acte de militants d’extrême droite ou d’abrutis désœuvrés est la conséquence directe de la politique du gouvernement. Tout en condamnant officiellement les agressions, Salvini donne du grain à moudre aux racistes depuis ses débuts au ministère de l’Intérieur en pointant du doigt les migrants comme responsables de tous les maux. Après avoir déclaré que « la fête était finie » pour les migrants, il a engagé une campagne contre les vendeurs ambulants africains sur les plages, se vantant de doter les communes de 2,5 millions d’euros pour « ramener l’ordre et la sécurité sur les plages ». Voilà donc ces travailleurs, contraints d’arpenter des kilomètres en pleine chaleur pour quelques euros, désignés comme de dangereux criminels.

Tandis que les agressions contre les immigrés continuaient, Lorenzo Fontana, dirigeant de la Ligue et ministre de la Famille de Salvini, a carrément proposé d’abroger la loi Mancino, qui sanctionne les actes de violence commis pour des raisons raciales, ethniques, nationales ou religieuses. Il a expliqué que cette loi était en réalité « une arme entre les mains des mondialistes pour camoufler sous l’antifascisme leur racisme anti-italien ». Ce soutien à peine déguisé aux agresseurs racistes a entraîné la gêne du Mouvement Cinq étoiles. Il a beau s’être allié sans complexe à la Ligue d’extrême droite de Salvini pour aller au gouvernement, il s’appuie tout de même sur une base électorale plus à gauche. Au final, Salvini a fait reculer son ministre, sans pour autant le désavouer, en expliquant que ce n’était pas la priorité.

Tous les propos du gouvernement augmentent le sentiment d’impunité des racistes qui veulent passer à l’acte. Quant à Salvini, il applique sans complexe ni honte une recette que d’autres ont utilisée avant lui, et qu’un militant syndical de Pistoia, résumait ainsi : « Les migrants servent aux politiciens, et à Salvini en premier lieu, à faire passer au second plan la dégradation des conditions de vie d’une grande partie de la population et les inégalités sociales plus féroces, en dressant les avant-derniers, les travailleurs italiens, contre les derniers, les migrants, qui seraient à l’origine de tous les malheurs. »

Partager