Allemagne : grève aux CHU d’Essen et de Düsseldorf08/08/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/08/LO2610.jpg.445x577_q85_box-0%2C9%2C200%2C269_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : grève aux CHU d’Essen et de Düsseldorf

Après des mois ponctués de journées de grève, puis des semaines de grève en juillet, les directions des deux CHU (centres hospitalo-universitaires) et le gouvernement de Rhénanie-du-Nord-Westphalie n’ont lâché que de vagues promesses et des miettes. Loin de se laisser décourager, plusieurs centaines de travailleurs sont engagés depuis le 30 juillet dans la grève illimitée.

Étant donné la pénurie de personnel dans les hôpitaux, le chantage de la direction et du gouvernement régional invoquant l’état de santé et la vie des patients, avec en plus la canicule actuelle, il faut de la détermination. Sans compter le droit de grève très restrictif en Allemagne : ce droit n’est pas reconnu n’importe quand, ni pour toutes les revendications, et ensuite il est nécessaire d’obtenir un vote très majoritaire de l’ensemble des syndiqués. Début août, après des semaines de mouvement, 96,9 % des adhérents de Ver.di (le syndicat des services) du CHU d’Essen ont voté pour la grève illimitée. C’est dire que, jusqu’à présent, la détermination des grévistes leur a fait franchir tous les obstacles.

À Essen, les grévistes se réunissent en assemblée générale chaque matin pour rendre compte des propositions éventuelles de la direction, discuter de tous les aspects de la grève, décider collectivement de leur mouvement et des actions à venir. Ils revendiquent plus de personnel pour toutes les catégories de travailleurs, personnel soignant autant qu’ouvriers ou administratifs. Pour les soignants, l’une des revendications est qu’aucune infirmière ne se retrouve seule de nuit dans un service. Et aussi que tous ceux qui n’ont pas encore leur diplôme, apprentis, élèves, stagiaires, dont certains font grève, ne soient plus utilisés pour compenser les manques de personnel, à assumer des charges beaucoup trop lourdes, mais soient là en plus, pour réellement se former.

Une deuxième revendication concerne les personnels les moins payés, aide-cuisiniers, agents de sécurité et ouvrières du nettoyage. Ces dernières sont bien mobilisées, elles qui doivent souvent survivre avec des temps partiels imposés, tout en travaillant douze jours d’affilée, sans repos. Pour celles et ceux ayant été filialisés ou externalisés, les salaires sont plus bas encore. Du coup, fait rare, à Düsseldorf, les travailleurs des entreprises sous-traitantes sont en grève avec l’ensemble du personnel du CHU. Les directions ont refusé de discuter de ces catégories, mais jusqu’à présent les grévistes ont refusé de séparer leurs problèmes de ceux des autres.

Les grévistes organisent de nombreuses actions à l’intérieur du CHU pour s’adresser aux non-grévistes et aux collègues qui voudraient faire grève mais ne peuvent pas, notamment lorsqu’ils sont réquisitionnés par la direction. Ils font par exemple des ateliers pâtisseries, qu’ils vont ensuite porter dans les services pour discuter des revendications et des arguments des uns et des autres, et ne pas laisser s’installer une coupure entre grévistes et non-grévistes.

Les actions sont nombreuses aussi vers l’extérieur, avec des visites aux personnels des hôpitaux de la région. Des équipes de deux ou trois grévistes, soignants et personnel ouvrier, vont voir leurs homologues dans les services, infirmiers, brancardiers, agents de nettoyage, personnels de crèche... L’accueil est toujours très bon, la sympathie réelle.

Les grévistes vont également dans différents quartiers populaires, discuter avec les passants, et aux portes d’entreprises, telles que les anciennes usines Krupp, Amazon, ou la société de transport en commun de l’agglomération, tant la dégradation que vivent les salariés de l’hôpital est aussi vécue dans les autres secteurs. Le syndicat appelait à une manifestation de solidarité jeudi 9 août. Les grévistes voient qu’il ne sera pas facile d’emporter des victoires significatives, mais savent aussi qu’ils n’ont pas le choix.

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