Leur société

Un homme de main parmi d’autres

Il n’est pas nouveau que des politiciens se trouvant à la tête de l’État recourent à la violence d’hommes de main opérant de façon plus ou moins officieuse, en marge des forces de répression policières. L’histoire récente regorge d’exemples de leurs exactions.

Ainsi, à la fin de la guerre d’Algérie, lorsqu’une partie de l’appareil d’État se dressa contre les accords d’indépendance, de Gaulle mit sur pied une officine pour combattre les partisans actifs de l’Algérie française, notamment dans l’armée et la police. Composé de repris de justice et d’hommes de main venus de l’extrême droite, des services secrets, etc., ce Service d’action civique (SAC) a aussi été impliqué dans le meurtre de militants communistes, dans l’enlèvement et l’assassinat à Paris de l’opposant marocain Ben Barka, dans de nombreux scandales politico-mafieux. Et en Mai 68, il prêta main forte à la police contre les grévistes et manifestants.

En 1982, après une énième affaire – le massacre de toute une famille, enfants compris, à Oriol – le SAC fut dissous.

C’était sous Mitterrand, qui, lui aussi, eut recours aux hommes de l’ombre. Il envoya des agents secrets en Nouvelle-Zélande couler un navire de Greenpeace, organisation qui dénonçait les essais nucléaires français : un photographe fut tué dans l’opération. Mitterrand s’entoura aussi d’une équipe de gendarmes spécialisée dans les coups tordus, de l’arrestation de prétendus terroristes irlandais à Vincennes à la mise sur écoute illégale de centaines de personnes.

Comparé à cela, le parcours d’Alexandre Benalla, passé du PS à l’Élysée grâce à Macron, peut sembler dérisoire. Mais il rappelle qu’au sommet de l’État on ne peut ni se passer de tels individus, ni s’empêcher de cacher leurs agissements à la population.

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