Parcoursup : faute de places, la sélection25/07/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/07/2608.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Parcoursup : faute de places, la sélection

Lundi 23 juillet, sur les 812 000 lycéens ayant postulé sur la plateforme Internet Parcoursup pour une place dans l’enseignement supérieur, il en restait près de 100 000 sans aucune proposition. Et c’est sans compter les 142 000, 17 % du total, qui ont renoncé à avoir une place.

Face à l’inquiétude des jeunes bacheliers, dont la moitié ont passé les épreuves du bac sans certitude d’avoir une place à l’université, face au stress des familles inquiètes pour l’avenir de leurs enfants, face aux protestations des associations qui ont saisi le défenseur des droits, le gouvernement tente de rassurer. Lundi 23 juillet, les gestionnaires de la plateforme Parcoursup ont même modifié les intitulés des classements. D’un coup de baguette informatique, les 93 000 candidats sans proposition du vendredi 20 juillet se sont réduits à 18 390 cinq jours plus tard, en en déplaçant des dizaines de milliers dans la catégorie des prétendus candidats inactifs. La ministre de l’Enseignement supérieur a aussi promis la création de 30 000 places supplémentaires à l’avenir. Mais pour l’instant seules 10 000 ont été financées.

Lorsque l’actuel gouvernement a lancé Parcoursup, il l’a présenté comme un système qui remplacerait avantageusement l’ancienne plateforme d’orientation des lycéens, à juste titre critiquée pour ses dysfonctionnements et son incapacité à satisfaire les souhaits des bacheliers. Mais en réalité le système de Parcoursup est l’application aux études supérieures de la politique générale de Macron et ne fait qu’aggraver celle de ses prédécesseurs. Macron avait lui-même explicité son projet de « révolution dans l’éducation » en déclarant avec son mépris de classe coutumier : « Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde. » La loi ORE (Orientation et réussite des étudiants) adoptée début 2018 introduisait la sélection à tout-va à l’entrée de l’université alors que les filières générales étaient jusque-là ouvertes à tous les bacheliers. Et Parcoursup n’a fait qu’aggraver la sélection : avis des conseils de classe sur les choix d’orientation des élèves de terminale, exigence de prérequis au niveau des universités pour ne retenir que les meilleurs élèves. Originaires des lycées les mieux cotés, ils sont aussi le plus souvent issus des milieux aisés.

Sous un nouvel habillage, l’ensemble du projet gouvernemental se résume à refuser de mettre en œuvre les moyens qui permettraient d’accueillir les nouveaux étudiants dans la filière de leur choix. Ce choix, que les élèves ont bien souvent restreint d’eux-mêmes, le gouvernement le réduit encore, cette fois par la contrainte financière. Ainsi quand il autorise l’augmentation des frais d’inscription à l’université et dans les grandes écoles, comme à Centrale à Lille où ils sont passés de 610 à 2 500 euros par an.

Le gouvernement envisage aussi à l’avenir d’imposer l’élargissement géographique des vœux qu’il présente comme une amélioration du système, les futurs étudiants pouvant ainsi se voir attribuer une place à l’autre bout du pays. Et tant pis pour ceux dont la famille ne pourra pas supporter les frais d’hébergement que cela impliquera !

Le gouvernement veut limiter les dépenses destinées à l’enseignement supérieur, quitte à en exclure toute une partie de la jeunesse, celle issue de familles de travailleurs.

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