Chantier naval – Saint-Nazaire : contre les licenciements, pour des embauches25/07/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/07/2608.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantier naval – Saint-Nazaire : contre les licenciements, pour des embauches

Le chantier naval de Saint-Nazaire, ex-STX, qui vient de reprendre son ancienne appellation Chantiers de l’Atlantique, dispose aujourd’hui d’un carnet de commandes particulièrement rempli : treize paquebots sont à livrer dans les huit prochaines années.

Après des années de réductions massives des effectifs, la charge de travail atteint maintenant des sommets avec des délais de réalisation de plus en plus serrés.

Dans les ateliers ou à bord des navires en construction, les manques d’effectifs sont tellement criants que la direction des Chantiers se sent obligée de se justifier en prétendant que, « malgré ses efforts », elle ne trouve personne à embaucher. Banderoles déployées à l’entrée des Chantiers, articles de presse larmoyants à répétition, spots publicitaires ronflants dans les cinémas de la région : rien n’y ferait.

La vérité, c’est que la direction des Chantiers de l’Atlantique comme les patrons des entreprises sous-traitantes intensifient volontairement et méthodiquement l’exploitation des travailleurs en refusant d’embaucher autrement qu’au compte-gouttes, et seulement avec les statuts les plus précaires et les salaires les plus bas.

C’est un choix délibéré de leur part d’imposer de plus en plus durement aux salariés des effectifs insuffisants avec pour conséquences des rythmes de travail intenables, l’allongement continu des journées et semaines de travail (dépassant parfois 50 heures !), des congés d’été amputés ou supprimés, des conditions de travail aussi dégradées que le niveau des salaires…

Face cette situation, des débrayages ont éclaté dans plusieurs secteurs. Mercredi 18 juillet, les charpentiers métaux et soudeurs de l’atelier 180 tonnes ont massivement cessé le travail pour contester la décision de la direction des Chantiers de ne pas embaucher une jeune apprentie-soudeuse à la fin de sa formation. Les tentatives de justification par l’encadrement ont vite été abandonnées face aux chiffres fournis par la CGT : en 2017, 70 contrats d’apprentissage ou de professionnalisation n’ont débouché que sur cinq embauches en CDI !

Vendredi 20 juillet, les conducteurs du transport lourd de l’entreprise sous-traitante IDEA ont débrayé plusieurs heures contre le licenciement de l’un d’entre eux. Ils ont dit haut et fort leur ras-le-bol des pressions permanentes, des semaines à rallonge, du sous-effectif, des contrats précaires et des salaires de misère.

Lundi 23 juillet, les menuisiers et agenceurs de l’atelier des Cabines ont débrayé pour soutenir un de leurs collègues menacé de licenciement. Là aussi, ils ont dénoncé le mépris de leur direction, les heures supplémentaires obligatoires, la précarité devenue majoritaire dans les effectifs ouvriers, les bas salaires.

Ces réactions restées sporadiques et isolées témoignent néanmoins d’un ras-le-bol qui s’accumule. Elles alimentent les discussions sur la nécessité de s’organiser par-delà les différences de secteurs, de statuts, d’employeurs ou de langue que les patrons utilisent pour nous diviser. Elles donnent un aperçu de la force que pourrait déployer la lutte des 10 000 travailleurs actuellement réunis sur le site.

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