Pont-de-Claix : attaque manquée contre le droit de grève11/07/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/07/2606.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pont-de-Claix : attaque manquée contre le droit de grève

Suez, qui avait assigné, notamment pour « abus du droit de grève », les travailleurs de son unité de la plateforme chimique de Pont-de-Claix, dans l’Isère, ainsi que l’union locale et l’union départementale CGT, a été débouté par le tribunal le 5 juillet dernier. À l’instar de bien d’autres patrons ou de leurs porte-parole, la direction entendait tout bonnement remettre en cause le droit de grève des salariés.

L’entreprise multinationale Suez dispose d’installations sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix depuis 1991, où une quarantaine de salariés traitent des déchets spéciaux liquides et gazeux à forte teneur en chlore produits sur le site ou provenant de toute l’Europe. Cette unité, qui tourne en flux continu 365 jours par an, produit en retour de la vapeur et récupère de l’acide chlorhydrique, pour un chiffre d’affaires d’environ 20 millions.

Suite à l’accord d’intéressement pour 2018-2020, qui se traduit par une baisse importante de leur prime, le syndicat CGT et les salariés ont exigé le paiement d’une prime compensatoire. Face au refus de la direction, des débrayages ont d’abord été organisés. À partir de la mi-juin, la grève était déclenchée jusqu’à ce que la direction cède, à raison de 3 heures en fin de poste pour les postés et de 3 h 30 par semaine pour les journaliers.

Devant la détermination des grévistes, la direction les a assignés au tribunal. Suez contestait la légalité même de leur mouvement, invoquant de prétendus « risques disproportionnés » en matière de sécurité et usant du chantage à l’emploi. Pour briser la combativité des grévistes, l’entreprise a tenté de les faire condamner pour « abus du droit de grève », prétendant que leurs actions « désorganisent de manière excessive l’entreprise ». Elle exigeait du tribunal qu’il l’autorise à « prendre toute mesure nécessaire pour faire cesser le trouble » et entendait faire condamner ces travailleurs à une astreinte de 500 euros par heure de retard s’ils ne s’exécutaient pas. Il est clair qu’elle voulait faire un exemple pour intimider tous les travailleurs qui lui résistent.

Devant une assistance nombreuse venue au tribunal soutenir les travailleurs assignés, elle a perdu son pari et a été condamnée. De quoi renforcer la combativité des grévistes et tous ceux qui refusent que le droit de grève soit remis en cause par le patronat.

Forts de cette victoire, ils ont en outre obtenu gain de cause sur plusieurs de leurs revendications : une prime de transport de 108 euros par mois pour les déplacements entre les différents sites et une prime de 200 euros versée en janvier 2019. La direction s’est en outre engagée à ne pas faire appel du jugement et les heures perdues pour l’assignation seront payées aux grévistes.

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