Sanofi – Compiègne : grève contre le nouvel horaire04/07/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/07/2605.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sanofi – Compiègne : grève contre le nouvel horaire

Les travailleurs du groupe pharmaceutique Sanofi ont fait deux jours de grève, les 28 et 29 juin, sur le site de Compiègne, contre un changement d’horaires que veut leur imposer la direction.

Depuis des mois, la direction Sanofi cherche à allonger les horaires de travail. Elle veut passer les horaires hebdomadaires à 42 h 05 par semaine, plus le travail du samedi, ce qui entraînerait une augmentation de l’horaire annuel de 155 heures, soit un mois de travail supplémentaire ! S’y ajouterait la suppression de repos compensatoires et de jours de RTT.

La direction voulait même faire travailler le dimanche, mais l’inspection du travail l’a pour l’instant refusé. Le préfet de l’Oise est même intervenu pour dire qu’il n’y avait aucune raison de priver les travailleurs de leur repos dominical. À cela viennent s’ajouter d’autres mesures. 56 travailleurs sont partis en retraite, mais ils n’ont pas été remplacés par des emplois équivalents en CDI.

Bien que l’inspection du travail lui ait reproché d’avoir trop de travailleurs en contrats précaires, Sanofi continue de faire appel à des intérimaires. Cela dure depuis des années, huit ans pour certains, sans qu’un emploi en CDI ne leur soit jamais proposé.

La direction a aussi imposé un management « Lean » puis « FitForFuture », les dadas actuels des dirigeants d’entreprise qui tentent d’obtenir la même quantité de travail, ou plus, avec des effectifs de plus en plus réduits. Et la nouvelle tentative de la direction d’imposer des horaires abusifs a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, et déclenché la grève.

Tout cela se produit chez un géant de la pharmacie mondiale, n°1 au CAC 40 avec plus de 8 milliards de bénéfice net en 2017. Mais, insatiables, les dirigeants du groupe veulent grignoter plus de profit sur le dos des travailleurs, sans embaucher. Avec cet horaire, ils espèrent obtenir 20 % de production supplémentaire.

Dans les jours précédant la grève, la direction a tout tenté, utilisant la présence des dirigeants France et Monde sur le site pour faire pression sur les syndicats CFDT, FO et CGC, faisant du chantage sur l’avenir du site, menaçant de revenir à la convention collective et au Code du travail. Sans succès. Dans les assemblées générales, les travailleurs ont voté contre ces horaires et décidé la grève. Puis, lors de celle-ci, on a vu débouler des cadres de production dont certains qu’on ne voit jamais dans les ateliers venir faire ami-ami avec les travailleurs. Les ouvriers grévistes en ont profité pour leur dire tout ce qu’ils avaient sur le cœur.

Ceux-ci étaient contents de marquer le coup, d’afficher leur solidarité et de se retrouver entre eux. Le 28, les salariés de l’Oise qui manifestaient au cours de la journée interprofessionnelle ont fait un détour devant l’usine Sanofi pour soutenir les grévistes, qui l’ont remarqué et apprécié.

La direction a été surprise par la grève et n’a obtenu que l’accord de la CGC pour ses projets, qu’elle a reportés au 1er octobre, invitant l’encadrement à la bienveillance lors de la reprise du travail. Pour elle, c’est encore loin d’être gagné.

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