Dans les entreprises

Ford – Blanquefort : contre la fermeture de l’usine, contre les licenciements

Le 7 juin, Ford a annoncé sa volonté de fermer fin 2019 l’usine FAI de Blanquefort, près de Bordeaux, pour rapatrier la production des boîtes de vitesses automatiques dans les usines du continent américain, quitte à expédier par bateau les boîtes nécessaires aux usines d’assemblage d’Europe. Ford, qui fait déjà plus de 7,5 milliards de bénéfices, en veut encore plus.

contre la fermeture de l’usine, contre les licenciements

Dans l’usine, les réactions sont aujourd’hui partagées. Si une petite minorité pense que « Ford doit rester », la très grande majorité des travailleurs ne pense pas être en mesure d’imposer cela. Quant à un éventuel repreneur, ils ont déjà payé pour voir. En 2008, lorsque Ford se désengagea pour la première fois, il le fit en se servant d’un repreneur industriel qui prétendait reconvertir l’usine pour fabriquer des pièces d’éoliennes mais qui, dans les faits, devait la fermer après avoir puisé quelques millions dans la caisse. Le scénario du repreneur est aujourd’hui tellement éventé que ni Ford ni les pouvoirs publics n’osent, encore, le mettre en avant. Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que beaucoup de travailleurs regardent du côté des conditions du plan de licenciements. Mais là-aussi, Ford fait tout pour que la fermeture lui coûte le moins possible.

Lors des premières réunions du PSE qui se sont déroulées les 26 et 27 juin, Ford a confirmé qu’il n’y aurait que quelques dizaines de reclassements sur l’usine sœur GFT, propriété indirecte de Ford à Blanquefort, qui fabrique des boîtes de vitesse manuelles. Lors de ces réunions, Ford a fait mention des primes du plan qu’il ose qualifier de généreux. Mais en comptant les indemnités légales et supra-légales, les licenciés toucheraient, pour ceux qui ont 40 ans d’ancienneté, au plus 36 mois de salaire, et 20 mois pour ceux qui ont 20 ans d’ancienneté ! Pour les futurs licenciés, condamnés au chômage, c’est la misère garantie au bout de quelques mois. Quant aux préretraites, Ford, ce trust multimilliardaire, est prêt à garantir les départs à 55 ans… mais avec 65 % du salaire ! Comment vivre avec deux tiers d’un salaire d’ouvrier alors qu’un salaire entier est déjà insuffisant ?

C’est cette colère qu’ont exprimée le 27 juin, à l’annonce des conditions du PSE, une centaine d’ouvriers, en envahissant la salle où se négociait le PSE, en y dénonçant le mépris de la direction et en montrant par là que, pour faire payer Ford d’une manière ou d’une autre, pour qu’aucun travailleur ne se retrouve sur le carreau, c’est sur la mobilisation collective qu’il faut compter.

Le 30 juin, dans les rues de Bordeaux, à l’appel de la CGT de Ford, soutenue par le NPA, LO, le PCF, LFI, la CNT…, près de 400 manifestants ont protesté contre la fermeture de l’usine. Jean-Pierre Mercier a apporté la solidarité de Lutte ouvrière à l’ensemble des travailleurs de Ford. Il y a notamment déclaré que « c’est uniquement en comptant sur leurs propres forces que les travailleurs de Ford pourront faire bouger les lignes… On n’a jamais vu un gouvernement se mettre du côté des travailleurs quand ils sont menacés de licenciement. Cela n’existe pas. Alors oui il faut avoir conscience qu’il faut être vraiment déterminés, que c’est par la grève, par leurs mobilisations que les camarades de Ford, quels que soient les objectifs qu’ils se sont fixés, pourront faire reculer la direction... »

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