Leur société

RSA : jugement antipauvres

Le 15 juin, le Conseil d’État a donné raison au conseil départemental du Haut-Rhin qui avait conditionné le versement du RSA à la réalisation de sept heures de bénévolat par semaine.

En 2016, Éric Straumann, alors président LR du conseil départemental du Haut-Rhin, prétendait ainsi permettre aux allocataires du RSA de « retourner progressivement sur le marché du travail »... Le préfet du département avait retoqué cette décision inique. Straumann a porté l’affaire devant le tribunal administratif tout en poursuivant sa campagne antipauvres et antichômeurs. Culpabiliser les allocataires, les rendre responsables de leur situation, c’était le créneau que s’était choisi ce politicien, comme d’autres d’ailleurs.

Mais le tribunal administratif de Strasbourg, ainsi que la cour d’appel de Nancy ont confirmé la décision du préfet, obligeant Straumann à faire appel au Conseil d’État. Mais sans attendre, le conseil départemental avait mis en place des contrats de bénévolat avec 600 allocataires du RSA, enlevant toutefois le caractère « obligatoire » du bénévolat !

L’acharnement antipauvres de ces serviteurs des plus riches a donc fini par payer : la nouvelle présidente du conseil départemental, qui succède à Éric Straumann, élu député, a applaudi des deux mains le jugement du Conseil d’État. Mais cette décision tombe également à pic pour Macron, qui est lui aussi rentré en campagne contre le RSA et les minima sociaux censés coûter « un pognon de dingue ».

Pour l’instant, le conseil départemental du Haut-Rhin n’a donc réussi à convaincre que 600 allocataires sur les 17 400 foyers qui touchent le RSA. Et comme le fait remarquer dans Le Parisien l’une d’entre elles, qui fait sept heures dans une école maternelle : « Présenter (le dispositif) comme un tremplin pour le retour à l’emploi est faux. La majorité des offres de bénévolat sont proposées par des structures qui manquent de main-d’œuvre mais n’ont pas les moyens d’embaucher. »

Loin de favoriser un retour à l’emploi, c’est aussi à terme un bon moyen de baisser les salaires en faisant faire gratuitement ou presque un travail utile.

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