Turquie : Travailleurs en lutte pour leurs droits20/06/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/06/2603.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : Travailleurs en lutte pour leurs droits

Au moment où les différents candidats faisaient assaut de promesses, dans quelques secteurs les travailleurs luttaient pour leur emploi, leurs conditions de vie, se heurtant à mille et un obstacles comme l’interdiction de faire grève et à des menaces.

Ainsi, à l’usine Soda de Mersin, à la suite du désaccord persistant lors des rencontres avec le syndicat Petrol-Is dans la négociation des accords collectifs, une grève de 530 travailleurs a débuté au milieu de la nuit, qui a été interdite dès le lendemain matin par décision du Conseil des ministres.

Après l’interdiction de la grève et la reprise du travail, les négociations ont continué. Un accord a été trouvé sur les droits sociaux et la proposition initiale de 390 livres turques d’augmentation brute du patron a été augmentée à 425 livres, tandis que le syndicat abaissait sa revendication à 690 livres au lieu de 720.

Mais c’est à Gebze, près d’Istanbul, que des travailleuses sont en lutte depuis le 15 mai à l’usine cosmétique Flormar qui appartient au groupe français Yves Rocher. Elles ont été licenciées ou forcées à la démission parce qu’elles s’étaient syndiquées, avaient tenté de le faire ou simplement avaient manifesté dans l’usine par des applaudissements pour soutenir des collègues licenciées.

« Un travail d’organisation commencé il y a cinq mois nous a permis, au bout d’un mois, d’atteindre le nombre légal suffisant de syndiqués. La première réaction de l’employeur a été de licencier les syndiquées et celles dont il a supposé qu’elles l’étaient », a témoigné l’une d’elles.

Il y a eu d’abord quinze licenciements. Il s’agit en majorité de femmes qui, n’ayant pu obtenir leurs indemnités, ont commencé une action devant l’usine. C’est alors soixante dix-autres travailleuses qui ont été licenciées, après avoir soutenu leurs camarades à la porte par des applaudissements ou par des saluts. Avec celles et ceux qui ont été contraints à la démission, ils sont 120 au total mis dehors.

Cette lutte ayant eu des échos dans la presse, la direction du groupe a déclaré à propos de ces travailleuses et travailleurs qu’« ils ont arrêté le travail à l’encontre des dispositions légales, ont envahi les ateliers, arrêté la production, encouragé les autres à une action illégale en utilisant de plus la violence ».

Mais les travailleuses savent très bien ce qui s’est passé, comme en a témoigné Sebahat, qui travaille là depuis cinq ans : « Notre directeur de production a voulu nous faire travailler dans une unité en dehors de notre atelier habituel, en disant : “Soit tu travailles dans la production, soit tu t’en vas en donnant ta démission”. Il m’a mise ainsi dans l’obligation de démissionner

Les travailleuses sont déterminées. Le slogan à Flormar, c’est : « Nous les femmes, ce que nous voulons, nous ferons tout pour l’obtenir

Partager