Dans les entreprises

Renault-Sovab – Batilly : débrayages en série contre la surcharge de travail

Touchant plusieurs secteurs, depuis début juin, des débrayages spontanés ont eu lieu à l’usine Renault-Sovab de Batilly, en Lorraine, qui fabrique les utilitaires Master. Les travailleurs protestent contre l’accroissement considérable des charges de travail.

débrayages en série  contre la surcharge de travail

En nuit par exemple, si 292 travailleurs sortaient 161 Master par nuit travaillée en 2014, cette année ils sont 65 de moins à produire 24 véhicules… en plus ! ­Renault a supprimé des emplois et surchargé les postes de travail pour faire exploser ses profits.

Un premier débrayage a débuté jeudi 31 mai parmi les caristes du Montage. Ils protestaient contre le projet de passer de 160 Master à 185 sans effectif supplémentaire. Cela alors qu’ils étaient déjà passés de 140 à 160 véhicules quelques mois auparavant, à effectif quasi constant. D’autres débrayages ont éclaté spontanément depuis dans différents secteurs du Montage et de la Tôlerie, regroupant ensemble intérimaires ou CDI. Ces débrayages ont duré d’une demi-heure à toute la durée d’un poste de travail.

Actuellement, 2 780 salariés travaillent à la Sovab, qui produit 132 000 véhicules par an. La direction veut encore augmenter considérablement la productivité, pour arriver à 80 véhicules par personne et par an. Cela se traduirait par une véritable hémorragie dans les effectifs, pour les ramener à 1 805, alors que déjà les travailleurs n’en peuvent plus.

Concrètement, de jeunes embauchés avec moins d’un an d’ancienneté ont déjà des troubles musculo-squelettiques (TMS), des tendinites. Les travailleurs sont épuisés, il y a des crises de nerfs, des burn-out, tandis que de nouveaux embauchés en CDI démissionnent tout simplement.

La direction n’a pas été sans réagir : aussitôt elle a tenté de remplacer les salariés en grève par d’autres, pour minimiser les arrêts de chaîne. Mais cela lui est plus difficile que lors des appels à débrayer prévus à l’avance par tract. Elle a envoyé la hiérarchie noter la liste des problèmes rencontrés sur les postes, tout en faisant pression sur les grévistes pour qu’ils reprennent le travail, faisant du chantage à la fermeture du site si Renault ne confiait pas le prochain modèle de Master à Batilly. Ce chantage est aussi vieux que la construction de l’usine.

Mais, en même temps, la direction faisait venir des intérimaires dans tous les secteurs qui débrayaient. Tout le monde a bien senti qu’elle marchait sur des œufs et craignait que les débrayages ne s’étendent.

Les syndicats CGT-Sud-CFDT et CFTC soutiennent les travailleurs en grève et réclament des embauches et l’arrêt des suppressions de postes. Ils ont distribué un tract popularisant les objectifs des grévistes, qui ont vécu l’obtention de renforts, même par le biais de l’intérim, comme un succès.

Renault a besoin de ses Master dont les ventes augmentent sans cesse. Si pour l’instant les débrayages restent partiels, la colère de subir une exploitation éhontée d’un groupe riche à milliards est là. Et, sans ouvriers pas de production, pas d’argent qui rentre dans les poches des actionnaires.

La force des travailleurs c’est la grève : ceux qui ont débrayé en ont donné un avant-goût.

Partager