Leur société

Collomb et le “benchmarking” : indécent

« Les migrants font aussi un peu de benchmarking pour regarder les législations à travers l’Europe qui sont les plus fragiles. » Présentant le 30 mai au Sénat sa loi sur l’asile et l’immigration, le ministre de l’Intérieur s’est fait remarquer par son jargon d’école de commerce – le benchmarking étant une sorte d’étude comparative – prétentieux mais surtout indécent, concernant ceux qui risquent leur vie pour fuir la misère et la guerre.

Après la longue pause déjeuner, Collomb répondait ainsi à ceux qu’il a fréquentés vingt ans durant et qui souhaitaient des statistiques justifiant l’allongement de la durée maximale de rétention. « Telle nationalité se dirige plutôt vers notre pays, non pas qu’elle soit plus francophile, mais tout simplement parce qu’elle juge qu’il est plus facile de s’y implanter qu’en Allemagne, par exemple. Pour certaines nationalités, nous peinons à traiter les dossiers en trois ans alors qu’un pays voisin y parvient en deux semaines. Alors, évidemment, les gens comparent un peu et se disent : “il vaut mieux essayer dans tel pays”. »

Ces politiciens-là ne se gênent même pas, se sachant filmés et leurs propos enregistrés. L’expression n’a d’ailleurs pas échappé à Collomb, qui évoquait quelques instants auparavant un « effet de déstockage » : d’après lui, la réduction des délais de traitement des demandes d’asile aurait entraîné ces derniers mois une augmentation de ces demandes. L’indécence du propos de l’ex-maire PS de Lyon a pourtant suscité le tweet désolé d’un de ses collègues, le jeune porte-parole d’En Marche qui a rappelé que le « choix » des migrants se résume à « mourir chez eux ou survivre ailleurs ».

Cette étincelle d’humanité n’a pas pour autant atteint le chef d’En marche, Castaner, qui a surenchéri : « Si on dit, en France, il n’y a pas de souci pour avoir ses papiers, vous verrez que le migrant viendra plutôt en France ». Ce ton méprisant le situe bien dans la ligne de la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau qui, il y a deux mois à peine, suspectait les réfugiés de se livrer au « shopping de l’asile ». Et, à tout seigneur tout honneur, Collomb n’égale pas le désopilant Macron constatant, peu après son élection, que les petits bateaux, les « kwassas kwassas » dans les eaux entourant Mayotte, « pêchaient surtout du Comorien ».

Macron, Collomb et ce gouvernement de bourgeois au service de la bourgeoisie n’ont clairement pas fait le choix, eux, de la plus élémentaire solidarité humaine, sans même parler d’investir dans la richesse qu’apportent les réfugiés, leur jeunesse et leur désir de vivre.

Pire, ils font le choix, démagogique et rebutant, de faire concurrence en la matière aux positions et aux propos de la droite extrême et de l’extrême droite.

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