UNEF-Paris IV : une porte-parole symbolique ?30/05/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/06/2600.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

UNEF-Paris IV : une porte-parole symbolique ?

L’apparition le 12 mai dans les médias de la présidente de l’UNEF-Paris IV, la section locale du syndicat étudiant, a suscité plus de commentaires du fait de son voile islamique noir et moutarde que par ses paroles, prononcées en soutien au mouvement étudiant contre la loi ORE-Vidal.

Cela a bien sûr suscité un chœur de protestations et d’insultes du côté de la droite et de l’extrême droite. Du côté des ministres de Macron, Marlène Schiappa s’est empressée de stigmatiser une prétendue « promotion d’un islam politique ». Le ministre de l’Intérieur s’est indigné de cet affichage de la « différence avec la société française » et de la « provocation ». La présidente nationale de l’UNEF, elle, a totalement assumé le choix de la section Paris-IV de s’être donné la jeune étudiante voilée comme porte-parole.

Cette dernière, qui se déclare croyante et affirme « vivre avec son temps », n’hésite pas à se revendiquer d’un supposé féminisme car, selon elle, « il n’y a pas qu’un seul féminisme, il y en a des différents, divers et variés ». C’est sans doute son opinion, ainsi que celle d’une partie de ses camarades de la section UNEF-Paris IV qui l’ont désignée. Mais il n’est pas anodin, et encore moins féministe, que la direction du syndicat étudiant s’affirmant progressiste et défenseur « des principes de laïcité et de féminisme » approuve et défende l’image rétrograde que cette responsable tient à afficher.

En tout cas, se donner une porte-parole qui présente cette image de la femme volontairement couverte, et de manière ostentatoire, c’est au moins considérer que cela n’a pas d’importance, alors que les hommes, eux, ne subissent aucune obligation sociale de ce genre. C’est, sinon de la démagogie vis-à-vis des idées rétrogrades sur les femmes, du moins céder devant un certain conformisme. Et c’est surtout, de la part de dirigeants syndicaux étudiants, choisir un camp qui n’est pas celui des femmes iraniennes emprisonnées pour avoir jeté leur voile, ni celui des femmes et des filles agressées, parfois mortellement, pour avoir refusé de se soumettre.

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