Allemagne : le chantage de PSA chez Opel23/05/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/05/2599.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : le chantage de PSA chez Opel

Le groupe PSA a racheté Opel à General Motors il y a moins d’un an, en août 2017, en jurant, la main sur le cœur, que les travailleurs n’avaient rien à craindre et que conventions collectives et accords sur l’emploi seraient maintenus au moins jusqu’à fin 2018.

Ces promesses étaient peu de chose, mais elles ont suffi aux hommes politiques, médias et direction du syndicat IG Metall pour se réjouir que le groupe passe sous pavillon européen. Ainsi c’en était fini, assuraient-ils, de la dure tutelle américaine.

Le contrat de vente à peine signé, les attaques se sont mises à pleuvoir. PSA exigeait un plan de départs volontaires, qui doit toucher au total environ 3 700 salariés en Allemagne, plan accepté par IG Metall au nom de la compétitivité. Puis ça a été le chômage partiel avec réduction de salaire subi par plusieurs milliers de travailleurs, notamment ceux de la Recherche et Développement.

Mais cela ne suffit pas à PSA qui s’est mis à exiger, en avril, que les ouvriers d’Opel renoncent aux 4,3 % d’augmentation obtenus au mois de mars en Allemagne pour l’ensemble de la métallurgie ! Trop c’est trop : là, IG Metall a refusé. Alors PSA a commencé son chantage : si vous refusez le blocage des salaires, nous ne garantissons pas la construction de nouveaux modèles !

Pour mettre en concurrence les ouvriers, PSA explique que les usines Opel d’Espagne, d’Angleterre, de Hongrie, de Pologne, d’Autriche, auraient toutes accepté des sacrifices, mais pas celles d’Allemagne. La mise en concurrence ne s’arrête pas là : PSA essaye aussi d’attaquer les différentes usines Opel d’Allemagne séparément, les unes après les autres, et il commence par l’usine d’Eisenach. La direction a expliqué qu’en l’absence de sacrifices des travailleurs, un seul modèle y serait construit en 2019, et non pas deux comme prévu. D’après les calculs d’IG Metall, cela mettrait en cause la moitié des 1 800 emplois de l’usine d’Eisenach.

Dans cette ville de l’est de l’Allemagne, le chômage est élevé et les travailleurs ne sont pas en situation de force. La direction les attaque en premier, mais on peut parier qu’elle a déjà dans ses plans, si la manœuvre lui réussit, la prochaine usine à attaquer. En réponse, à l’appel d’IG Metall 1 400 salariés d’Opel ont participé à un rassemblement de protestation à Eisenach le 24 avril, suivi d’une manifestation. Des travailleurs d’Opel d’autres villes s’étaient joints à cette manifestation, conscients que personne ne sera épargné.

Pour l’instant, PSA a déjà dû reculer sur les 4,3 % d’augmentation : ceux d’Opel les toucheront. Pour le reste, la situation est au point mort. Le PDG Tavares ne fait pas mystère de son intention de baisser la masse salariale par tous les moyens. Comme en France, il veut fabriquer des chômeurs et intensifier l’exploitation de ceux qui restent. La riposte s’impose pour empêcher ce patron commun d’aggraver sans cesse les conditions de vie.

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