Marseille : le manque de moyens des bibliothèques16/05/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/05/2598.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Marseille : le manque de moyens des bibliothèques

Depuis décembre, les salariés des bibliothèques municipales de Marseille ont débrayé à plusieurs reprises pour s’opposer à la dégradation programmée de leur fonctionnement. Les bibliothèques municipales de quartier sont en nombre insuffisant. Ainsi celle de Saint-André, dans le quartier littoral Nord, est la seule pour une population de 100 000 habitants. Si elle est proche des cités comme La Castellane ou la Bricarde, elle est forcément loin de la plupart des autres cités. De plus, il n’y a aucun métro, et bien peu de bus, pour s’y rendre.

Dans les quartiers Nord, il est prévu une nouvelle bibliothèque au Plan d’Aou mais, au lieu d’embaucher une nouvelle équipe, la direction des bibliothèques prévoit de fermer carrément celle de Saint-André, et de transférer le personnel.

Pourtant, les liens que les employés des bibliothèques de quartier tissent avec la population sont importants. Ils incitent les jeunes à fréquenter la bibliothèque et cherchent à développer leur intérêt pour la culture. Elles sont souvent le seul lieu où des jeunes des quartiers populaires peuvent étudier, réviser leurs examens, dans une ambiance calme dont ils ne peuvent pas toujours bénéficier à la maison. Certains préfèrent même faire l’école buissonnière pour y aller étudier, plutôt que dans leur établissement scolaire, qui subit lui aussi le manque de moyens.

Les employés des bibliothèques, par exemple à Saint-André, savent se lier avec les habitants du quartier, où les Gitans et les originaires du Maghreb ou des Comores sont nombreux, ne serait-ce qu’en facilitant l’accès à de nombreux livres allant de l’histoire de leurs pays aux romans ou aux recettes traditionnelles de cuisine. Beaucoup n’ayant souvent pas pu étudier, c’est un des aspects les plus importants du travail des employés des bibliothèques que de valoriser la culture et les études. Cela peut être en racontant des histoires aux plus petits, ou en organisant des animations. Cela passe surtout par des conseils aux adolescents.

C’est ce travail quotidien, cette présence vitale qu’il faudrait développer et renforcer, en embauchant du personnel. Or la baisse des effectifs réduit les créneaux d’ouverture des bibliothèques. Il manquerait environ cinquante personnes pour qu’elles puissent fonctionner normalement.

Macron s’est targué de vouloir ouvrir les bibliothèques le dimanche. Ce serait en effet une nécessité pour la population. Quand cela a été proposé au personnel de celle de l’Alcazar (la bibliothèque centrale de Marseille), la direction a dit que cela se ferait sans aucune embauche, uniquement en heures supplémentaires, et qui plus est sans payer les majorations inhérentes au travail du dimanche. On comprend qu’il n’y ait eu que peu d’enthousiasme du côté du personnel.

Autre aspect de la gestion des bibliothèques : au moment des attentats, le renforcement des équipes d’agents de sécurité nécessitait un budget… qui a été prélevé en partie sur le budget d’achat des livres !

Les salariés des bibliothèques ne se laissent pas faire. Ils veulent que la bibliothèque de Plan d’Aou soit ouverte, mais pas au détriment de celle de Saint-André. Ils ont organisé de nombreux débrayages le samedi depuis décembre, parfois largement suivis. Ils ont, mieux que le maire, à cœur de défendre la culture.

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