avec les cheminots

La mobilisation continue

Comme prévu, les rencontres du 7 mai entre Édouard Philippe et les syndicats de cheminots n’ont rien donné. Le Premier ministre avait annoncé à l’avance qu’il n’accepterait pas de revenir sur la fin du statut, la transformation de la SNCF en société anonyme et l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs. Il maintient donc intégralement jusqu’à présent son plan de démolition concernant l’emploi et les conditions de travail des cheminots. C’est ce plan que les cheminots rejettent depuis plus d’un mois par la grève et les manifestations.

La mobilisation continue

À l’issue de la réunion, les syndicats ont salué le changement d’attitude de Philippe qui a proposé de les revoir le 24 ou 25 mai. « La main tendue mais ferme » de Philippe aux syndicats est l’aveu que le gouvernement ne parvient pas à faire cesser le mouvement de grève des cheminots et qu’il tente, pour cela, de composer avec les syndicats, ce qu’il se refusait à faire jusqu’à présent. Et la période qui s’ouvre verra sans doute des manœuvres afin de faire prendre des vessies pour des lanternes aux cheminots, pour les amener à cesser leur mouvement.

Il en va ainsi de l’annonce aux syndicats d’une reprise par l’État de la dette de SNCF Réseau, pour un montant qui sera précisé le 23 mai. Ce n’est en aucun cas un recul du gouvernement ou une victoire des grévistes : cette dette n’a jamais été celle des cheminots.

Pour l’heure, les syndicats appellent tous à continuer le mouvement de grève. Celui-ci est toujours extrêmement solide. Ainsi le jeudi 3 mai, selon les chiffres de la SNCF, le taux de grévistes était légèrement supérieur à celui du mardi 24 avril avec 27,8 % de grévistes à l’exécution. Le 4 mai, il progressait encore légèrement et 63 % des conducteurs étaient en grève, ainsi que 58,9 % des contrôleurs.

La CGT indiquait que les 3 et 4 mai, plus de 12 000 cheminots avaient participé aux assemblées générales. Le 3 mai, elle notait que 4 000 cheminots avaient manifesté à Paris, 1 500 à Montpellier, 700 à Lyon, bien souvent dans des cortèges communs avec d’autres secteurs. Dans de nombreuses villes, des centaines de cheminots à chaque fois ont interpellé le préfet, comme à Rennes, Lille, Nice et Toulouse. Des rencontres avec les usagers, des opérations sur les péages, rentables financièrement et moralement, ont été organisées.

Le nouvel épisode de grève de 48 heures des 8 et 9 mai s’annonçait à nouveau important, même si des jours fériés et des ponts pouvaient diminuer la participation aux actions.

Une nouvelle intersyndicale était prévue le mercredi 9 mai. D’ores et déjà, dans de nombreux secteurs, la perspective de faire du 14 mai une journée « sans cheminots » a été discutée comme un objectif de renforcement, d’approfondissement de la grève. Il s’agit de convaincre, d’entraîner ce jour-là les cheminots opposés au pacte ferroviaire, mais jusqu’à présent peu ou pas encore mobilisés, à se joindre massivement au mouvement. Le succès de cette journée peut impulser une nouvelle dynamique de la lutte. Ce n’est effectivement pas autour du tapis vert, ni dans les salons de Matignon, qu’on peut obtenir satisfaction. C’est en continuant fermement sur la route engagée : celle de la grève et de la mobilisation générale des travailleurs du rail.

Partager