Leur société

Force ouvrière : changement de tête, pas de perspectives

Le 27 avril, le congrès de la confédération Force ouvrière a entériné le choix de Pascal Pavageau pour succéder à Jean-Claude Mailly au poste de secrétaire général.

Le rapport d’activité présenté par Mailly n’a été approuvé que par 44 % des délégués et 13 % d’entre eux se sont abstenus. Les militants ont ainsi désavoué le soutien au gouvernement de celui qui vient de qualifier Muriel Pénicaud de « bonne ministre du Travail ». Surtout, Mailly paye son refus d’appeler à la mobilisation contre les ordonnances Macron sur le Code du travail l’été dernier. Politique d’autant plus scandaleuse pour beaucoup que la centrale syndicale avait été partie prenante de la mobilisation contre la loi El Khomri en 2016.

Pavageau est présenté comme plus contestataire que Mailly. Il dénonce, avec beaucoup de prudence, la politique de Macron et son mépris pour les organisations syndicales. Il concentre l’essentiel de ses critiques sur ce qui menace les intérêts d’appareil.

D’une part, il s’alarme de la remise en cause du paritarisme, c’est-à-dire de la participation des syndicats à la gestion des régimes d’assurance sociale et de formation professionnelle, aux tribunaux prud’homaux, etc.

D’autre part, Pavageau regrette à longueur de discours que les directions syndicales ne soient pas plus associées aux mesures prises par le gouvernement. S’il prend des postures un peu plus protestataires que son prédécesseur, c’est sans doute pour répondre au mécontentement des militants.

Mais la vraie question est celle des perspectives. Et, de ce point de vue, Pavageau ne s’écarte pas de son prédécesseur : c’est en fait surtout au gouvernement et au patronat qu’il s’adresse, les priant de bien vouloir changer de « méthode » et réclamant des invitations à des négociations. Quelle différence dans le fond avec Mailly, qui lui aussi avait su apparaître comme contestataire avant de soutenir les ordonnances Macron ? Ce qui est déterminant est le rapport de force entre les travailleurs et le patronat. Ce n’est que par leurs luttes collectives que les travailleurs peuvent le modifier, et le rôle d’une organisation ouvrière devrait être de les préparer.

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