Migrants : une loi répressive18/04/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/04/2594.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Migrants : une loi répressive

Depuis le 16 avril, le projet de loi Asile et immigration est en discussion à l’Assemblée nationale. En fait d’asile, il met au contraire des freins supplémentaires à l’accueil des immigrés en France, à tel point que même une vingtaine de députés de LREM, le parti de Macron, ont annoncé leur intention de ne pas voter ce texte.

Ce projet est présenté par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb comme étant la voie vers « une intégration réussie », une réponse à « la crise migratoire européenne […] qui a fait basculer un grand nombre de pays dans un populisme agressif et xénophobe ». Mais sa réponse à la xénophobie, qu’il prétend dénoncer, n’est pas de lutter contre ces préjugés en accueillant plus de demandeurs d’asile, mais au contraire de les considérer comme des intrus qui, dans leur grande majorité, n’auraient pas leur place en France.

Le projet de loi prévoit déjà de diminuer le délai de dépôt d’une demande d’asile de 120 à 90 jours et de réduire à 15 jours au lieu de 30 le délai de recours. Mais, dans le projet, ce recours n’est pas suspensif, rien n’empêche les autorités de soumettre le demandeur à une obligation de quitter le territoire (OQTF) pendant l’examen de son dossier, si jamais il est considéré comme une menace à l’ordre public, notion vague s’il en est. Si la demande est refusée, il peut être conduit dans un centre de rétention et détenu jusqu’à 90 jours avant une reconduite à la frontière, contre 45 actuellement, enfants compris ; l’an passé, 275 enfants ont été enfermés dans ces centres.

Quant au migrant entré illégalement en France et qui n’est pas originaire d’un pays considéré comme à risque, il ne pourrait plus demander de titre de séjour pour une autre raison que l’asile, ce qui lui fermera encore plus de portes.

Pour tenter de calmer les oppositions – et pas seulement celles des députés, mais aussi des associations d’aide aux migrants qui ont manifesté leur indignation devant ce « code de la honte » – Macron est venu en aide à son ministre de l’Intérieur, rappelant dans son interview du 15 avril qu’il souhaitait que le délit de solidarité soit adapté, compte tenu du fait que, en aidant les réfugiés, des femmes et des hommes « sauvent des vies », même si, a-t-il aussitôt tempéré, c’est aussi « aider les passeurs ».

En durcissant les conditions d’accueil des étrangers à travers ce projet de loi, le gouvernement veut plaire à la partie la plus réactionnaire de l’électorat. Pour satisfaire sa xénophobie, il met tout en œuvre pour renvoyer le maximum de migrants à leur misère et leurs massacres, et fait un tri inadmissible entre ce qu’il considère comme les « bons » et les « mauvais » migrants.

Les associations de soutien aux réfugiés n’entendent pas se taire. Une manifestation a déjà eu lieu dimanche 15 avril devant l’Assemblée nationale, avec une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Les frontières tuent.» L’an dernier, 3 100 migrants sont morts noyés en Méditerranée.

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