Lui faire ravaler son mépris !18/04/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/04/2594.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Lui faire ravaler son mépris !

Dimanche 15 avril au soir, pendant plus de deux heures et demie, Macron a étalé sa suffisance. D’abord en s’enorgueillissant des frappes françaises sur la Syrie. Comme si larguer des bombes sur un pays dévasté pouvait être un acte de gloire ! Et puis, cela ne l’empêchera sûrement pas demain de s’asseoir à la table de négociation pour aboutir à conforter le régime sanguinaire d’Assad.

Sur l’injustice consistant, comme chez Carrefour, à distribuer des millions aux actionnaires tout en supprimant des milliers d’emplois, Macron n’avait rien à dire. Sur les 60 à 80 milliards d’évasion fiscale ? Non plus.

Son obsession, dit-il, est de « remettre le pays au travail ». On croirait entendre Reagan, Thatcher ou Sarkozy ! Dans un pays où six millions de personnes cherchent un emploi et n’en trouvent pas, à cause justement des politiques patronales défendues par Macron, c’est le monde à l’envers.

Et avec quel cynisme a-t-il fait la leçon aux retraités, leur expliquant que c’était les travailleurs en activité qui payaient leurs retraites et qu’elles pesaient beaucoup trop sur les salaires ! En bon président des riches, il ne conçoit pas que, quand les profits augmentent, les patrons puissent augmenter les salaires.

Comme lors de son interview sur TF1, c’est aux cheminots, aux retraités, aux travailleurs que Macron a demandé des efforts. À tout le monde, sauf aux plus riches. À tout le monde, sauf aux actionnaires qui encaissent les dividendes sans rien faire de leurs dix doigts. À tout le monde, sauf à la grande bourgeoisie, qui a eu droit à un cadeau de cinq milliards d’euros avec la suppression de l’impôt sur la fortune et la taxe forfaitaire sur le capital.

Dans les hôpitaux et les Ehpad, il parle de « réformer » et de « réorganiser », mais il n’est jamais question ni d’embaucher vraiment, ni d’augmenter les salaires. Macron n’a pas exclu de mettre en place une cinquième branche de la Sécurité sociale pour le grand âge, mais il cherche déjà l’argent dans la poche des travailleurs avec l’instauration d’une deuxième journée de solidarité.

Quant à l’attaque contre les cheminots, Macron est resté droit dans ses bottes. Il défend vigoureusement ceux qui, tels le PDG Pepy ou les ministres Élisabeth Borne et Florence Parly, ont dirigé l’entreprise depuis vingt ans. Et il continue de brandir le rachat de la dette comme une concession qu’il ferait aux cheminots.

Mais cette dette a été faite par l’État. En quoi les cheminots devraient-ils s’en sentir responsables et payer pour elle ?

Les cheminots se battent pour que leurs conditions de travail et leurs salaires ne reculent pas. Ils se battent pour que les jeunes ne soient pas plus précaires et plus mal payés. Ils se battent parce qu’ils ne veulent pas devenir des salariés jetables, ballottés au gré des appels d’offres capitalistes. Tous les travailleurs peuvent se reconnaître dans leur combat.

Macron veut une société où seuls le fric et la rentabilité comptent. Il parle des injustices avec des trémolos, mais il contribue à creuser les inégalités. Et il traite avec un mépris souverain tous ceux qui s’opposent à lui.

C’est le cas des étudiants qui dénoncent la sélection à l’université et sont accusés d’être des professionnels du désordre. C’est le cas des zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui sont en train d’être évacués violemment. Comme si ces 200 personnes étaient un trouble à l’ordre public qui justifie la mobilisation de 2 500 gendarmes mobiles ! En fait, Macron ne tolère pas ceux qui veulent vivre autrement.

Il érige la compétitivité en vertu absolue et ordonne que tout le monde se plie à ses exigences. Mais cela fait deux siècles que l’économie est basée sur la concurrence, le marché et la propriété privée.

Et cette concurrence, c’est la loi de la jungle. Ce sont les crises à répétition. C’est la course aux profits, dangereuse et criminelle dans les transports, l’agroalimentaire, la santé ou dans le domaine de l’énergie et de l’environnement. Et n’oublions pas que la concurrence, c’est aussi la guerre. Elle commence sur les marchés commerciaux, et finit par la guerre tout court.

Il est grand temps de dire qu’on ne marche plus. Pour l’heure, ce sont les cheminots qui sont sur la brèche. Leur grève est massive, et sa durée prouve leur détermination.

La CGT appelait jeudi 19 avril à une grève et une manifestation interprofessionnelle. Les travailleurs doivent saisir toutes les occasions d’ajouter leur voix à celle des cheminots et de clamer leur opposition à l’ensemble de la politique de Macron.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 16 avril 2018

Partager