La Poste : contre la détérioration des conditions de travail18/04/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/04/2594.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : contre la détérioration des conditions de travail

Depuis plusieurs semaines et dans différents départements, des groupes de postiers font grève. Ils protestent contre les projets qui visent à aggraver les conditions de travail, à réduire les effectifs à travers des réorganisations permanentes, à faire supporter aux facteurs, à ceux des centres de tri ou encore à ceux des bureaux, les conséquences de la course à la rentabilité voulue par la direction centrale de La Poste.

En quelques années, celle-ci a supprimé 55 000 emplois tout en restant le premier employeur du pays en 2018, avec plus 250 000 salariés. Aujourd’hui, la majorité sont des employés de droit privé, le nombre de ceux au statut de fonctionnaire diminuant au fil des ans.

Comme ne se prive pas de le répéter la direction, ces grèves sont restées minoritaires, ayant réuni de quelques dizaines à plusieurs centaines de salariés pour des durées variables. Mais elles révèlent un mécontentement partout présent et largement majoritaire. Au début de la semaine du 16 avril, plusieurs départements étaient touchés à différents niveaux. La liste ne peut être exhaustive, car personne, même les fédérations syndicales concernées, n’a effectué un recensement complet et ne l’a rendu public. En tout cas des grèves ont lieu en Ille-et-Vilaine depuis trois mois, en Gironde depuis plus d’un mois, dans les Bouches-du-Rhône depuis une dizaine de jours, et en Haute-Garonne où le mouvement vient de commencer. Par ailleurs, une grève entamée il y a une dizaine de jours à Noyon dans l’Oise s’est étendue au bureau proche de Lassigny. D’autres mouvements limités ont eu lieu, dans le Calvados par exemple.

Les postiers ressentent les conséquences directes, sur leurs conditions de travail et de vie, des changements voulus par La Poste. Ainsi, ce que La Poste appelle la « méridienne » a pour conséquence de faire commencer plus tard les facteurs, qui ont ensuite une pause de 45 minutes non payée, et finissent leur travail à 16 heures, voire plus tard, alors qu’auparavant ils finissaient leur tournée à 13 h 30.

Autre nouveauté provoquant la colère des facteurs, la « sacoche » vise à renforcer les cadences de distribution. Elle consiste à faire faire le tri du courrier par des équipes spécialisées qui préparent les sacoches des facteurs pour « optimiser » leur distribution. À cela devrait s’ajouter, par exemple en région parisienne, la reprise de la distribution des publicités non-adressées, effectuée jusqu’ici par les salariés de la filiale Médiapost, ce qui pose brutalement la question de l’avenir des emplois de ces centaines de travailleurs.

Tout en imposant ces reculs aux postiers, La Poste a comptabilisé un résultat brut de 1 milliard et 851 millions d’euros après impôt. La division Courrier représente à elle seule la moitié de son chiffre d’affaires global !

On ne peut que souhaiter que cette envie de s’opposer à la direction de La Poste, d’imposer la garantie des emplois et des conditions de travail dignes et non dégradées, se répande le plus vite possible. Tous ensemble, les 250 000 postiers auraient largement les moyens de mettre au pas leur direction.

Partager