Leur société

Hôpitaux : l’urgence ignorée

À défaut de comprendre les cheminots en colère, les retraités volés, les chômeurs méprisés, les étudiants arrêtés, les zadistes matraqués, Macron fait mine de comprendre les difficultés du personnel hospitalier et des malades. Il reconnaît même « plusieurs décennies de défaillance ».

Et du coup, promet-il, il n’y aura pas d’économies sur l’hôpital dans ce quinquennat, il y aura même des investissements. Fin mai, début juin, avance-t-il, il annoncera des mesures portant sur la tarification à l’activité, la T2A, entrant pour 80 % dans le financement des hôpitaux et qu’il entend limiter à terme à 50 %. Il envisage également une réorganisation de l’articulation hôpital/médecine de ville et le développement du recours à la télémédecine.

Combien d’infirmières, d’aides-soignantes, d’ASH, techniciennes et médecins ont dû sentir la moutarde leur monter au nez ! Ils sont – mal – payés pour savoir que chaque réorganisation de service signifie pour le personnel soignant et non soignant des conditions de vie et de travail aggravées. Tous ont vécu les modifications de financement qui se sont traduites par des restrictions budgétaires. Tous connaissent les fermetures de lits pour raisons d’économies, les arguments tordus des directions prétendant raisonner en termes de flux qui seraient insuffisants pour maintenir des lits et, partant, des emplois.

En vingt ans, dans les hôpitaux, 20 000 lits ont été supprimés et l’engorgement ne touche pas que les services d’urgence. Partout, le manque de présence humaine, donc de personnel en nombre suffisant, se fait lourdement sentir et, si le système n’explose pas, c’est grâce à la conscience des uns et des autres.

« Il n’y a pas d’argent magique », a lâché Macron pour toute réponse aux vérités qu’il a dû entendre, au CHU de Rouen, de la bouche d’une aide-soignante. Mais où va donc disparaître ce 1,6 milliard d’euros d’économies prévues sur les hôpitaux pour 2018, et les quelque 35 000 emplois que cette somme pourrait financer ?

Et, au-delà, où vont passer les 4 milliards supplémentaires de rentrées d’impôts en 2017, ou encore les 93 milliards de bénéfices nets des entreprises du CAC40, la même année ?

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