Étudiants : les raisons de la colère18/04/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/04/P11_Assemblee_generale_de_luniversite_Lyon_2_du_jeudi_12_avril_C_LO_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C18%2C800%2C468_crop_detail.jpg

Leur société

Étudiants : les raisons de la colère

La mobilisation des étudiants contre la sélection continue à s’amplifier dans les facultés. Ils mettent en cause la loi ORE relative à l’orientation et à la réussite des étudiants. Promulguée le 8 mars dernier, elle modifie l’orientation des jeunes bacheliers et réforme la licence, diplôme obtenu au bout de trois ans de faculté.

Illustration - les raisons de la colère

Celle-ci sera désormais fondée sur l’obtention de modules et de compétences en deux ou quatre ans. Chaque étudiant aura un contrat annuel avec un enseignant directeur d’études qui jugera, selon ses résultats, de sa possibilité de s’inscrire dans un des modules. La licence sera à la carte, mais les modules dépendront du nombre d’enseignants disponibles.

Déjà, dans certaines facultés, les cours programmés n’ont pas lieu faute de professeurs. Malgré cela, de nombreuses facultés ne recruteront pas d’enseignants pour remplacer les départs en retraite. À la faculté de Saint-Denis par exemple, dix-neuf postes sont concernés.

Pour passer du lycée à l’université, les problèmes sont similaires. Avec Parcoursup, le système d’orientation des bacheliers, la ministre Frédérique Vidal prétend que les équipes pédagogiques vont analyser les dossiers de chaque candidat de façon personnalisée. Deux cents universitaires ont expliqué pourquoi ils ne voulaient pas procéder à cette sélection : « Nous refusons de porter un jugement sur les espoirs, les aspirations et les capacités de chacun à réaliser ses rêves », ont-ils déclaré. Des centaines d’autres enseignants se sont ralliés à leur point de vue.

Outre la sélection organisée par ce système, la ministre affirme que chaque université sera obligée d’accueillir les jeunes qui le souhaitent, mais dans la limite des places disponibles. Or ce nombre de places n’augmentera pas en fonction du nombre de candidats aux études. Et comment mettre en place les mesures d’accompagnement pour ceux qui n’ont pas le niveau, alors qu’il n’y a pas suffisamment de salles, d’enseignants ? Tout cela montre qu’entre le discours de la ministre et la réalité il y a un fossé.

La sélection n’est pas une nouveauté. À tous les niveaux de la scolarité, à tous les paliers d’orientation, elle sanctionne le plus souvent le niveau social, au lieu de lutter contre le déterminisme social.

Depuis que la bourgeoisie a eu besoin de main-d’œuvre plus qualifiée, les études supérieures ont été rendues en théorie accessibles à un plus grand nombre de jeunes, mais le budget n’a pas suivi. Cette situation a encore renforcé l’échec scolaire, le découragement de jeunes arrivant en faculté sans y être préparés, sans y trouver l’encadrement dont ils ont besoin. Devant cet échec, ministres et gouvernements successifs ont beau jeu de dénoncer un gâchis pour justifier le renforcement de la sélection.

Les étudiants et les lycéens se défendent contre la dégradation supplémentaire des conditions d’enseignement qui découlera de la loi. Ils poursuivent leur mouvement sans se laisser intimider, ni par les interventions de la police ni par la campagne du gouvernement contre eux.

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