Des syndicats unis… pour réclamer des négociations11/04/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/04/13P4_Lupo_Macron_vampire.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

avec les cheminots

Des syndicats unis… pour réclamer des négociations

Dans le combat qu’il a engagé contre les cheminots, et au-delà contre l’ensemble des travailleurs, Macron a choisi de passer par-dessus les organisations syndicales. Pour façonner son image de président à poigne capable de réaliser les réformes auxquelles ses prédécesseurs auraient renoncé, il n’a cherché ni à négocier vraiment avec les directions syndicales ni même à diviser leur front.

Illustration - Des syndicats unis…  pour réclamer des négociations

Négocier, c’est pourtant ce que réclament à cor et à cri tous les dirigeants syndicaux. Dès qu’on lui donne la parole, Laurent Berger, secrétaire de la CFDT, un syndicat habitué à relayer les réformes gouvernementales, fustige « le mépris vis-à-vis des partenaires sociaux et de la négociation collective ». Jean-Claude Mailly, de Force ouvrière, plus que bienveillant à l’égard de Macron malgré ses attaques antiouvrières, a déclaré au journal Le Monde : « Quand l’herbe sèche, l’étincelle prend plus facilement. » Autrement dit, il réclame un peu d’eau pour éviter l’incendie social qu’il redoute. Même cri du cœur à la CFE-CGC : «  Il va arriver un moment où Macron va avoir besoin de nous. Et alors là, comment on fera ? »

Les dirigeants de la CGT sont au fond sur la même ligne. Laurent Brun, secrétaire de la fédération CGT des cheminots, le syndicat le plus influent à la SNCF, celui qui donne le ton dans la lutte, réclame de  vraies  négociations. Il a qualifié les rencontres avec la ministre des Transports de « véritable mascarade, dans laquelle la ministre s’est contentée de faire des remarques sur les propositions des organisations syndicales, sans apporter elle-même de propositions et du contenu ». La CGT veut discuter de sa propre réforme ferroviaire, Ensemble pour le fer, qu’elle oppose à celle du gouvernement. Si l’amélioration des conditions de travail des cheminots et la défense de leurs droits figurent dans ce contre-projet, l’essentiel porte sur la structure juridique de la SNCF, la part du rail dans le transport, son financement, la tarification pour les voyageurs et la reprise de la dette par l’État. La CGT et l’intersyndicale insistent sur ce dernier point.

Le gouvernement refuse pour l’instant de prendre en compte cette proposition. Il fait un grossier chantage aux cheminots, conditionnant la reprise de cette dette à la précarisation de tous les travailleurs du rail, quel que soit leur statut. Son calcul est de tenir sur cette position le plus longtemps possible, mais il sait aussi que, face à la détermination des grévistes et sous la pression du patronat gêné par une grève qui dure, il lui restera toujours la possibilité de changer de ton et de méthode. Comme leurs prédécesseurs, Philippe et Macron pourraient remettre dans le jeu les directions syndicales en acceptant de discuter de certaines de leurs propositions. La reprise partielle ou totale de la dette de la SNCF par l’État est l’exemple type d’une concession possible du gouvernement, parfaitement acceptable par les banques et les capitalistes, mais qui ne répondrait en rien aux revendications des cheminots.

Les cheminots se battent pour défendre leurs conditions de travail, leurs salaires, la pérennité de leurs emplois ou de leurs retraites, pour eux et les futurs embauchés. Ils se battent pour ne pas être vendus au rabais en même temps que les lignes et le matériel. Ce n’est pas des négociations qui les sauveront. Seul le rapport de force, autrement dit leur capacité à entraîner le maximum de travailleurs dans la grève, pourra faire reculer Macron et, derrière lui, les patrons.

 

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