Kurdes de Syrie : au cœur des manœuvres impérialistes04/04/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/04/2592.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Kurdes de Syrie : au cœur des manœuvres impérialistes

Jeudi 29 mars, Macron a reçu à l’Élysée une délégation des FDS (Forces démocratiques syriennes), cette alliance militaire dominée par les milices kurdes de Syrie. Même si Macron n’a en réalité apporté qu’un soutien en parole, cela a suffi à susciter la colère du gouvernement turc d’Erdogan.

En octobre 2014, alors que les milices kurdes, coincées dans l’enclave de Kobané au nord-est de la Syrie, étaient à deux doigts de se faire exterminer par les troupes de Daech, l’armée turque avait envoyé ses chars à la frontière turco-syrienne pour empêcher les renforts kurdes de venir soutenir les combattants de Kobané. À l’époque, alors même qu’Erdogan, pressé par les États-Unis, avait accepté de rejoindre la coalition anti-Daech, son ennemi était d’abord les milices kurdes syriennes. Car, pour son gouvernement comme pour bien de ses prédécesseurs, les Kurdes de l’est de la Turquie sont les boucs émissaires à mater et ceux de Syrie leurs alliés.

Les gouvernements américains d’Obama et de Trump ont choisi de soutenir les milices kurdes syriennes, au risque de froisser leur allié traditionnel turc, parce qu’ils n’avaient pas d’autre alternative pour combattre Daech. Mais les succès militaires kurdes contre Daech ont décidé Erdogan à intervenir en Syrie.

Après avoir repris aux FDS l’enclave syrienne d’Afrin, l’armée turque vise désormais la ville de Manbij. Et, semaine après semaine, l’armée turque écarte les combattants kurdes de sa frontière en les repoussant toujours plus à l’est. Tout en continuant d’affirmer qu’ils soutiennent les Kurdes, le gouvernement américain et, à sa remorque, le gouvernement français laissent dans les faits l’armée turque avancer.

Les États-Unis ont révélé il y a quelques mois qu’ils avaient envoyé en soutien aux FDS au moins 2 000 hommes des forces spéciales. La France en aurait, elle, envoyé plusieurs centaines. Au-delà du nombre de soldats présents sur le terrain, c’est l’impérialisme américain qui impose sa politique. L’impérialisme français ne peut tout au plus que jouer la mouche du coche.

En filant le train à la politique des États-Unis, la France n’a d’autre visée que de se placer diplomatiquement, pour ensuite permettre à ses groupes industriels et financiers d’avoir accès aux marchés des matières premières de la région, comme le pétrole, et à ceux de la reconstruction. Et, face à ces véritables enjeux sonnants et trébuchants, les phrases creuses de Macron en faveur des milices kurdes, aussitôt retirées devant le froncement de sourcils d’Erdogan ne pèsent pas bien lourd.

Alors, que vont faire les États-Unis si l’armée turque continue d’avancer ? Pour le moment, ils ont encore besoin des FDS pour lutter contre ce qu’il reste de Daech et pour imposer dans le nord-est de la Syrie un pouvoir qui, pour l’instant, ne leur est pas trop hostile. Mais, en définitive, les puissances impérialistes s’appuient sur les milices kurdes, seules troupes au sol capables de lutter sérieusement contre Daech, tout en laissant le rouleau compresseur de l’armée turque les prendre à revers. Les populations locales, kurdes et arabes, paient la poursuite de la guerre et aussi les manœuvres impérialistes qui l’alimentent.

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