Il y a 50 ans : l’assassinat de Martin Luther King04/04/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/04/2592.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Il y a 50 ans : l’assassinat de Martin Luther King

Le 4 avril 1968, à Memphis (Tennessee) aux États-Unis, Martin Luther King était assassiné par un ségrégationniste blanc. Il était jeune pasteur baptiste à Montgomery, en Alabama. L’incarcération de Rosa Parks, qui s’était assise dans la partie d’un bus réservé aux Blancs, y avait déclenché un boycott massif des transports urbains en 1955.

King mit son église au service de cette lutte et en devint un des dirigeants. La plupart des Noirs de la ville participèrent à la mobilisation, qui fut victorieuse au bout d’un an.

Dans les années qui suivirent, King continua de jouer un rôle de premier plan dans le mouvement des droits civiques. Il le paya de 29 séjours en prison, comme beaucoup d’autres. Il fut l’un des organisateurs de la marche sur Washington de 1963, où il prononça son célèbre discours « I have a dream ».

La politique de King collait aux premières phases de ce mouvement qui s’élargissait : il incitait les Noirs à se dresser pour leurs droits dans la rue, et plus seulement dans les tribunaux. Ce partisan de la non-violence voulait faire pression sur les dirigeants de Washington pour que des lois mettant fin à la ségrégation soient votées et que l’État fédéral contraigne les autorités locales, notamment dans le Sud, à les appliquer.

Or la préoccupation du président Kennedy était avant tout de désamorcer la mobilisation grandissante des Noirs pour rétablir l’ordre, sans mettre fin au racisme qui imprégnait tout l’appareil d’État. Son successeur, Johnson, fit voter, tardivement, des lois reconnaissant l’égalité pour les Noirs uniquement parce qu’au milieu des années 1960 la mobilisation débordait largement le cadre de la non-violence.

De plus en plus de Noirs prenaient conscience qu’il fallait autre chose que des lois pour être débarrassés des injustices racistes. Ils se tournaient vers des courants plus radicaux, comme celui de Malcolm X, qui expliquait que les Noirs pouvaient contrôler leur propre vie « par n’importe quels moyens », sans se laisser passivement frapper par les matraques des policiers et mordre par leurs chiens. Malcolm X fut assassiné en 1965, mais la radicalisation du mouvement noir se poursuivit, s’exprimant au travers de la revendication d’un pouvoir noir, le Black power, alors que le foyer des luttes se déplaçait du Sud vers les ghettos noirs des grandes villes industrielles du Nord.

Le mouvement prenait de plus en plus la forme d’émeutes, au cours desquelles les travailleurs et les pauvres tâchaient de chasser de force la police et l’État de leurs quartiers. Martin Luther King réprouvait ces émeutes qui se multipliaient dans les grandes villes américaines. Toutefois, il essaya de s’adapter à cette évolution en s’installant à Chicago en 1966 et en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté. Il dénonçait alors les « capitalistes occidentaux investissant des sommes énormes en Asie, Afrique et Amérique latine uniquement pour en tirer des profits au détriment de ces pays. » Il organisa aussi des manifestations contre la guerre du Vietnam qu’il qualifia de « cruelle et insensée ».

En avril 1968, il était venu à Memphis, au Tennessee, pour apporter son soutien aux éboueurs noirs de la ville en grève pour leurs salaires et contre les inégalités, quand il fut assassiné. Ce meurtre politique déclencha des révoltes dans 125 villes. L’État les réprima à l’aide de 75 000 soldats, qui arrêtèrent 20 000 personnes, en blessèrent 3 500 et en tuèrent 46.

La mort de Martin Luther King survint au point culminant du mouvement de lutte des Noirs, à un moment où les masses s’étaient détournées de la non-violence et affrontaient directement l’État. Les lois ségrégationnistes furent alors abrogées, mais l’oppression sociale subie par la majorité des Noirs n’a pas disparu, ni la violence raciste des policiers qui continue régulièrement de tuer des Noirs en toute impunité.

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