Valeo – Angers : la direction condamnée21/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2590.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Valeo – Angers : la direction condamnée

Le tribunal de grande instance ainsi que le tribunal des prud’hommes d’Angers viennent de déclarer l’entreprise Valeo de la ville coupable d’avoir abusé du travail intérimaire entre 2012 et 2016.

Étalée dans la presse locale, l’information a fait plaisir à bien des travailleurs, pas fâchés de voir un exploiteur de ce genre se faire taper sur les doigts. Le patron avait bien tenté de passer entre les gouttes en requalifiant 170 emplois intérimaires en CDI l’an passé, mais cela n’a visiblement pas suffi à convaincre de sa bonne foi les tribunaux, pourtant pas toujours enclins à donner raison aux syndicats ouvriers.

Pour sortir sa production, le sous-traitant automobile Valeo, comme toutes les grandes entreprises, emploie à longueur d’année des travailleurs intérimaires. C’est notamment le cas dans l’usine d’Angers, où jusqu’à 50 % d’intérimaires ont assuré la fabrication de phares ces dernières années. De 148 en 2012, leur nombre est passé à 460 en 2016.

Employer des intérimaires par centaines, c’est tout bénéfice pour Valeo. Car ce sont généralement des jeunes, plus productifs que leurs aînés, et on peut s’en débarrasser plus facilement, en tout cas avant qu’ils ne développent des maladies professionnelles. En contrat précaire, ils sont sous pression constante : dur de faire grève ou de revendiquer quoi que ce soit quand on sait que ça peut signifier une fin de mission définitive, autrement dit un licenciement. La condamnation du patron est donc la bienvenue.

Cela étant dit, les 24 000 euros de dommages et intérêts que Valeo va devoir verser à l’union locale CGT d’Angers sont à peine une égratignure pour les actionnaires de ce trust richissime, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 16,5 milliards d’euros en 2017. Et rien n’oblige le patron à embaucher les intérimaires recrutés entre 2012 et 2016. Qui plus est, même reconnu coupable d’une infraction à la législation, le groupe Valeo continue de percevoir le CICE, ce crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi censé favoriser de vraies embauches.

À l’heure actuelle, il reste plus de 350 salariés employés en intérim dans l’usine, des salariés que la direction ne compte manifestement pas embaucher en CDI. Il n’en reste pas moins que les travailleurs de Valeo ne sont pas mécontents de la petite claque reçue par le patron.

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