Toys’R’Us : victime de la finance21/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2590.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Toys’R’Us : victime de la finance

Le 14 mars, la multinationale du jouet Toys’R’Us a annoncé la fermeture de tous ses magasins aux États-Unis et en Grande-Bretagne, soit 800 points de vente, qui emploient 35 000 salariés.

Le dirigeant de sa filiale française, qui emploie 1 300 salariés dans 53 magasins, a déclaré être à la recherche d’un repreneur, ce qui laisse craindre là aussi des licenciements.

Pour expliquer la faillite, les médias mettent en avant la concurrence de la vente sur Internet, notamment celle d’Amazon. Mais cette entreprise géante a surtout été victime d’une dette gigantesque, due en grande partie au montage financier établi par les deux fonds d’investissement qui se sont emparés de l’enseigne de jouets en 2005 et qui se sont remboursés en vidant ses caisses.

Toys’R’Us a été acheté par deux fonds d’investissements : Bain Capital et KKR, ce dernier déjà responsable du dépeçage de SoLocal-Pages jaunes. Pour financer leur acquisition, les deux groupes ont emprunté 7,5 milliards de dollars (6 milliards d’euros). Puis, selon la pratique habituelle dans ce genre d’opération, ils ont payé leurs créanciers en piochant dans les résultats de l’entreprise. En 2016, les bénéfices ont été de 460 millions de dollars et les intérêts de la dette de 457 millions. En septembre 2017, avec une dette de 5 milliards pour un chiffre d’affaires de 11 milliards, une dette qu’elle n’arrivait plus à rembourser, Toys’R’Us s’est déclarée en faillite.

Les fonds d’investissement rassemblent pour leurs actions spéculatives des sommes de plus en plus astronomiques. En 2015, 333 milliards ont ainsi été levés par les vingt plus gros fonds, parmi lesquels Carlyle, Blackstone ou KKR. Et cela rapporte : KKR a un taux moyen de rentabilité de 27 %. De quoi attirer de plus en plus de capitaux. Pour toutes ces sociétés, détruire des emplois est beaucoup plus profitable que d’en créer.

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