Mayotte : un mois de crise21/03/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/03/Comores.jpg.420x236_q85_box-0%2C166%2C746%2C586_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mayotte : un mois de crise

Mayotte est entrée dans la cinquième semaine de ce qui est appelé à tort grève générale. Les syndicats n’ont en effet pas appelé à la grève. Aujourd’hui encore, quand la CGT-Ma et la CFDT appellent à durcir le mouvement, c’est par le biais du renforcement des barrages.

Illustration - un mois de crise

Leur but affiché est de dénoncer les louvoiements des élus et d’obtenir qu’un interlocuteur de haut niveau se déplace à Mayotte et présente un plan de développement qui ne s’en tienne pas aux seules mesures sécuritaires, aux effets délétères.

En effet le gouvernement brandit, y compris sur la scène nationale, les milliers d’expulsions vers les Comores opérées par la police pour faire valoir auprès de l’opinion la plus réactionnaire combien l’État français est efficace contre l’immigration. Et il fait des émules.

Ainsi, un collectif vient de voir le jour dans le nord de l’île pour « ratisser », « monter la garde », « anéantir les bangas » (habitations précaires) et conduire à la gendarmerie les personnes ainsi délogées. Le climat créé est tel que des familles de Comoriens vont spontanément à la gendarmerie pour demander leur reconduite aux Comores. De son côté, le gouvernement des Comores vient de faire savoir qu’il refusera de les accueillir !

Dans ce contexte d’aggravation de la situation des sans-papiers comoriens, dont la précarité est exploitée par patrons et commerçants, la palme du cynisme peut être attribuée au patronat, qui s’est constitué en intersyndicale pour annoncer le 19 mars qu’il va procéder à plusieurs mesures : fermeture temporaire (lock-out), procédure de sauvegarde judiciaire et non-paiement des salaires.

Du fait des barrages qui rendent la circulation et les approvisionnements difficiles, la crise perdure. Le chef du service pédiatrie de l’hôpital, confronté aux difficultés de circulation des soignants et des véhicules sanitaires, a alerté sur l’urgence sanitaire en termes poignants : « On a entendu sur des barrages que ce serait l’hôpital des Comoriens. Mais là on parle d’enfants, et un enfant c’est l’enfant de tout le monde. »

Au sein même de la société mahoraise, il y a bien sûr des hommes et des femmes pour dénoncer ceux qui sèment le virus de la haine. Mais il n’ont pas de force politique sur laquelle s’appuyer. La CGT de l’Éducation nationale a appelé à « faire du 22 mars un temps fort du mouvement social… pour les services publics… pour la scolarisation de tous les jeunes de Mayotte dans de bonnes conditions. »

La politique de l’État est criminelle. Elle laisse pourrir la situation en se moquant complètement des graves conséquences sociales qui en découleront. Il faut que la force pour s’y opposer vienne des travailleurs conscients et organisés .

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