Maroc : le mouvement de protestation de Jerada21/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2590.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : le mouvement de protestation de Jerada

Au Maroc, lors d’une des dernières manifestations, des heurts ont eu lieu entre les habitants et la police. Du côté des manifestants, plusieurs blessés ont dû se soigner chez eux, évitant l’hôpital pour ne pas être arrêtés.

Depuis décembre dernier, les habitants de Jerada sont mobilisés à la suite de la mort de deux jeunes mineurs. Houcine et Jedouane se sont noyés dans un des boyaux de la mine où ils étaient descendus, comme bien d’autres, pour récupérer du charbon et le vendre pour une misère à des négociants profiteurs, les « barons ». Ces morts ont provoqué la colère des habitants, excédés de n’avoir comme choix que ce travail clandestin dangereux, dont ils ne peuvent pas vivre, le seul qui reste dans cette ville depuis qu’en 2001 la mine, propriété des Charbonnages de France, a fermé définitivement.

Les manifestations se sont alors succédé et chaque fois toute la population de Jerada, mais aussi des villages alentour, y a participé. D’autres décès ont eu lieu et des représentants du gouvernement ont dû venir entendre les revendications des représentants des villages en lutte et faire quelques promesses. Ce mouvement a pris le nom du Hirak de Jerada (le mouvement de Jerada), en référence aux manifestations des habitants d’El-Hoceima, qui eux aussi se sont battus contre l’abandon de leur région du Rif par l’État.

De premières arrestations ont eu lieu. Toutes les manifestations sont dorénavant interdites, et le centre-ville est occupé par des forces de répression. Malgré cela, une dizaine de mineurs avec plusieurs dizaines de leurs voisins et familles ont spontanément organisé un sit-in mercredi 14 mars devant un des quartiers de la mine abandonnée. Les policiers ont chargé la foule. Leurs camionnettes de police ont fonçé, écrasant au moins un jeune manifestant et en blessant des dizaines. De nouvelles arrestations ont suivi.

Depuis, des milliers de villageois bravent l’interdiction de manifester, pour réclamer plus de respect, la libération des prisonniers et de vrais emplois pour vivre, dans une commune où le chômage est l’un des plus élevés du royaume. Les slogans « Plutôt la mort que la soumission » sont repris.

Le gouvernement répond toujours par les mêmes recettes : de fausses promesses d’abord, des arrestations ensuite, et la répression pour finir. Mais les habitants ont montré qu’ils ne sont pas prêts à baisser la garde.

Partager