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Burkina Faso : qui sème le vent…

Vendredi 2 mars, deux attentats coordonnés ont frappé le centre de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, faisant huit morts chez les militaires et autant chez les assaillants.

L’ambassade de France, fortement protégée, a seulement été mitraillée de l’extérieur. Mais les terroristes ont réussi à pénétrer par une porte de service sur le site de l’état-major de l’armée burkinabée, à y faire entrer un véhicule chargé d’explosifs et à le faire sauter. Ils ont été repoussés par les militaires et par des soldats français arrivés à la rescousse en hélicoptère.

L’attaque a été revendiquée par le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), qui fédère depuis un an divers groupes djihadistes régionaux se revendiquant d’al-Qaida. Il dit avoir ainsi voulu venger plusieurs de ses dirigeants tués par l’armée française à la mi-février, à la frontière nord du Mali. La revendication n’est pas certaine, on parle aussi d’un groupe lié à l’État islamique (EI). En tout cas, les groupes armés islamistes sont bien présents dans la région, et on voit qu’ils sont capables de frapper des cibles bien protégées en plein centre d’une capitale.

L’attaque visait les autorités françaises et le G5 Sahel, qui coordonne les forces militaires du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie engagées contre le terrorisme islamiste. Le camion piégé a détruit la salle où aurait dû se dérouler une réunion de direction du G5, réunion déplacée au dernier moment. À croire que les terroristes avaient des complices bien renseignés.

Cela fait deux ans que le Burkina Faso connaît les mêmes attaques terroristes que ses partenaires du G5. En janvier 2016 et en août 2017, des attaques contre des cibles civiles, un hôtel et des restaurants, ont fait une cinquantaine de morts à Ouagadougou. Le nord du pays fait maintenant partie de la zone de guerre du Sahel, où les groupes islamistes affrontent au Mali les 12 000 hommes de la Minusma pilotée par l’ONU, les 3 000 soldats français de l’opération Barkhane, le G5 Sahel, sans parler des armées des différents pays.

Françaises ou africaines, ces troupes censées lutter contre le terrorisme ne sont que des milices supplémentaires se disputant le contrôle de la région. Leur mépris des populations et les dégâts qu’elles font fournissent des recrues aux islamistes. Tout comme les États africains soutenus par la France, elles sont là à la fois pour défendre les intérêts des trusts français comme Bolloré, Orano (ex-Areva) ou Bouygues, et pour affirmer la stature internationale de la France, responsable de l’ordre impérialiste dans la région.

Macron a dès le 2 mars affirmé « la détermination et le plein engagement de la France, aux côtés de ses partenaires du G5 Sahel, dans la lutte contre les mouvements terroristes. » Un officiel burkinabé s’est indigné : « S’en prendre à l’ambassade de France, c’est s’en prendre à une diplomatie innocente qui œuvre pour la paix dans la sous-région. » En réalité, ce sont bien la présence et les interventions françaises qui sont responsables du chaos croissant dans cette partie de l’Afrique.

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