Sahel : l’impérialisme français continue sa guerre28/02/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2587.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sahel : l’impérialisme français continue sa guerre

Le sommet de Bruxelles du vendredi 23 février a réuni une trentaine de chefs d’État et de gouvernement pour garantir le financement du G5 Sahel.

La coalition censée regrouper 5 000 soldats du Mali, du Niger, du Burkina Faso, de la Mauritanie et du Tchad, dont il a été annoncé qu’elle serait opérationnelle au printemps 2018, a reçu plus de 400 millions d’euros de promesses de dons, permettant un an d’activité. L’Union européenne a doublé la mise avec 100 millions d’euros. Même l’Arabie saoudite, connue pour son soutien à des mouvements terroristes, a confirmé son engagement financier, à hauteur de 100 millions d’euros.

Le G5 Sahel aimerait bien se placer sous l’aile de l’ONU, ce qui alimenterait automatiquement la pompe budgétaire. Mais l’ONU ne le veut pas.

En réalité, le gouvernement français est le principal promoteur de cette coalition d’États africains censée combattre le djihadisme, en particulier dans la zone dite des trois frontières, à la limite du Mali, du Niger et du Burkina Faso, devenue largement incontrôlable. Dans cette même zone où, depuis 2013, près de 4 000 soldats français sont déployés avec comme résultat d’avoir étendu les territoires où interviennent des groupes djihadistes.

Les autorités françaises veulent maintenir les positions de l’impérialisme français dans ces territoires, mais elles souhaiteraient sous-traiter les opérations militaires à des soldats africains, auxquels on demanderait de verser leur sang pour la sauvegarde des intérêts de Bolloré, Orano (ex-Areva), Bouygues. Ce ne serait pas la première fois que l’impérialisme français défendrait ses intérêts avec la peau de soldats africains.

Les troupes du G5 Sahel, si elles deviennent opérationnelles un jour, s’ajouteront aux 12 000 soldats de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, aux armées nationales des pays du Sahel, et enfin aux troupes françaises dont Macron dit lui-même qu’il n’envisage pas le retrait.

Ces dizaines de milliers d’hommes de troupe sont impuissants à venir à bout du djihadisme. Car, derrière les envolées des chefs d’État sur la lutte à mener contre le terrorisme, il y a la brutalité d’une situation entretenue entre autres par la présence française en Afrique..

Derrière la satisfaction affichée au soir du sommet de Bruxelles, il est bien difficile de dissimuler qu’au Sahel la guerre s’enlise. La mort de deux soldats français au Mali mercredi 21 février est venue le rappeler. En fait, tous les jours, des soldats de la Minusma ou des armées nationales des pays du Sahel sont tués dans des attentats ou des opérations de groupes armés. Ce sont elles qui payent le plus lourd tribut depuis 2013. À l’annonce de la mort des deux soldats français, Macron a déclaré que « plusieurs dizaines de terroristes avaient été tués ces derniers jours ». Ce ne sera probablement d’aucun réconfort pour les familles des deux soldats français mais, pour Macron, il est clair que cette guerre doit continuer.

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