Allemagne : après les grèves dans la métallurgie28/02/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2587.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : après les grèves dans la métallurgie

En avril, les salaires seront augmentés d’environ 4,3 % dans la métallurgie et l’électronique en Allemagne, du moins pour les travailleurs en CDI. L’accord conclu entre le syndicat de branche IG Metall et le patronat prévoit en outre des primes fixes une fois par an. Mais cet accord ne s’applique tel quel que pour le land de Bade-Wurtemberg, avec ses nombreuses usines automobiles. Dans les autres régions, les augmentations seront sans doute un peu plus basses.

Après plus d’un mois d’agitation et de débrayages organisés par IG Metall, et en l’absence d’accord, le mouvement a passé une vitesse supérieure, avec une grève de 24 heures à laquelle ont participé un demi-million de travailleurs. Ils auraient pu être encore plus nombreux, mais le syndicat a choisi les 280 entreprises qui ont participé à cette grève. Les ouvriers qui auraient aimé faire grève mais n’étaient pas dans l’une des entreprises choisies n’en avaient donc pas le droit.

Quoi qu’il en soit, les patrons se sont plaints du coût de la grève : 620 millions d’euros pour ces seules 24 heures. Puis ils ont lâché du lest sur les salaires, ce qu’ils n’auraient jamais cédé sans ce mouvement. Il y aura donc 4,3 % d’augmentation, les prochaines négociations ne pouvant légalement avoir lieu avant mars 2020. IG Metall revendiquait aussi le droit, pour un certain nombre de travailleurs, de se mettre individuellement à 28 heures par semaine, en se payant ce temps partiel.

Le patronat, après avoir là aussi poussé des cris, a finalement accepté et s’en est servi pour avancer ses propres pions. Il a obtenu ce qu’il cherche à imposer depuis longtemps : en contrepartie des 28 heures, le patron a le droit d’obliger des secteurs entiers à travailler... 40 heures par semaine pendant deux ans. Cela signifie davantage de flexibilité, la fin de facto des 35 heures, et aussi une individualisation encore plus grande des situations, salaires et temps de travail.

Malgré le caractère très encadré de la mobilisation impulsée par le syndicat, et au-delà du résultat, ce qui reste vraiment positif est l’expérience de la grève, qui pour beaucoup est une première.

En Allemagne de l’Ouest, cela faisait plus de trente ans qu’IG Metall n’avait pas appelé à une grève de cette ampleur, touchant autant d’entreprises, se contentant ces dernières années de débrayages de quelques heures. Face à un patronat arrogant, qui a parlé de revendications démesurées avant d’attaquer en justice la légitimité de la grève, des centaines de milliers de travailleurs ont fait entendre leur ras-le-bol contre les conditions de travail qui s’aggravent, les cadences, l’alternance entre chômage partiel et heures supplémentaires, la précarité, les salaires qui ne suivent pas.

La revendication des 28 heures, qui paraissait farfelue, était peu reprise, mais beaucoup étaient tout simplement contents de faire grève, de défiler dans les rues, d’être devant le portail plutôt qu’à l’intérieur de l’usine, de prendre le temps de discuter et d’échanger avec les collègues d’autres ateliers, d’autres usines. Une expérience importante car, face à la rapacité patronale, tôt ou tard elle resservira.

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